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Sciences humaines & sociales
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Né vers 1400, mort en 1468, Johann Gensfleisch dit Gutenberg, longtemps exilé, souvent en difficulté d'argent, a cherché pendant vingt ans à réaliser la multiplication des pièces mécaniques en tout genre. Après des recherches à Strasbourg qui n'aboutissent pas complètement, il met au point l'invention de l'imprimerie en caractères mobiles, à Mayence, dans les années 1450, avec l'aide du financier Fust et du calligraphe Schoffer. Tout de suite, cette association éclate, tandis que suit une série d'impressions très inégales que l'on n'a pas très bien su, jusqu'à ces dernières années, à qui attribuer. La vie même de Gutenberg restait obscure, voire en partie légendaire, faute de documents disponibles.L'apparition de nouvelles méthodes d'investigation physico-chimique du papier et de l'encre des premières productions de Mayence permet aujourd'hui de reconstituer cette histoire, de retrouver l'étonnante personnalité de l'inventeur en liaison avec la naissance des premiers ouvrages imprimés _ ces fameux incunables _ qui allaient changer le destin du monde.Guy Bechtel, docteur en histoire, à côté de travaux universitaires sur le Languedoc méditerranéen aux XVIIe et XVIIIe siècles, a publié de nombreux ouvrages destinés à un large public, comme Pierre Laval (1963), Paracelse (1970), L'Affaire Gaufridy (1972), 1907, La grande révolte du Midi (1976).
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En 1972, un jeune philosophe alors âgé de vingt-cinq ans publiait un livre au titre retentissant : Le Désir homosexuel. Ecrit sous l'influence de Gilles Deleuze, et profondément marqué par le bouillonnement politique et intellectuel qui a suivi en France la révolte de mai 68, l'ouvrage s'inscrivait aussi dans le sillage des émeutes homosexuelles de Stonewall, à New York en 1969, et de la naissance, aux États-Unis, d'un mouvement gay et lesbien qui se pensait comme subversif et voulait révolutionner la société.
Ce livre est vite devenu un classique dans le monde entier, et notamment aux Etats-Unis où il a trouvé récemment une nouvelle jeunesse lorsque les penseurs de la Queer Theory ont revendiqué son héritage.
Près de trente ans après sa parution, le livre de Guy Hocquenghem a bien quelque chose à nous dire, à la fois parce qu'il nous aide à comprendre le regain que vient de connaître ce qu'il appelait la "paranoïa anti-homosexuelle", et parce qu'il incite ceux qui portent les revendications gays et lesbiennes sur la scène publique à s'interroger sur l'évolution actuelle qui tend à la normalisation et à l'intégration.
Guy Hocquenghem est mort du sida en 1988. -
Correspondance Tome 5 ; janvier 1973-décembre 1978
Guy Debord
- Fayard
- Essais Fayard
- 5 Octobre 2005
- 9782213627069
« L'époque ne demande plus seulement de répondre vaguement à la question Que faire ? [...] II s'agit maintenant, si l'on veut rester dans le courant, de répondre, presque chaque semaine, à la question : Que se passe-t-il ? [...] Le travail principal qui me paraît à envisager maintenant - comme contraire complémentaire de La Société du spectacle qui a décrit l'aliénation figée (et la négociation qui y était implicite) -, c'est la théorie de l'action historique. C'est faire avancer, dans son moment qui est venu, la théorie stratégique. À ce stade, et pour parler ici schématiquement, les théoriciens de base à reprendre et développer ne sont plus tant Hegel, Marx et Lautréamont que Thucydide-Machiavel-Clausewitz. » On verra, pour ce faire, comment tout au long de ces six années d'une correspondance riche en analyses et en projets divers - l'étroite collaboration qui s'est établie entre un éditeur et son auteur a rendu possible cette nouvelle stratégie. C'est ainsi que, par la voie du cinéma, Gérard Lebovici offrait à Guy Debord un champ plus vaste où il serait libre de s'exprimer. Trois films seront réalisés durant cette période.
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Ce premier volume de la correspondance de Guy Debord couvre la période allant de la fondation en 1957 de l'Internationale situationniste, jusqu'à sa IVe Conférence en 1960.
On y verra se préciser, au fil des jours, l'unique objectif d'une entreprise qui, en s'appuyant sur les éléments les plus radicaux de l'avant-garde et à travers la construction de situations, voulait " par tous les moyens, même artistiques ", le bouleversement complet de tous les aspects de la vie.
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Les Grands mythes de l'Inde : Ou l'empreinte de la tortue
Guy Deleury
- Fayard
- 5 Février 1992
- 9782213028163
Krishna le bouvier noir, Râma le roi chevalier, Lakshmî ou Dourga, l'énergie divine, Shiva l'ascète, Ganésha l'inspirateur, Hanoumân l'athlète: l'univers mythologique hindou déroute souvent le voyageur occidental. Or, si l'Inde a donné à Dieu beaucoup de noms, Shiva, Vishnou, Krishna, elle a toujours reconnu sa transcendance et son unicité. Mais comment toutes ces divinités cohabitent-elles dans le coeur des pèlerins qui se pressent en foule vers leurs lieux saints?L'Inde a toujours fasciné par la beauté de ses temples inoubliables, par la fréquence des fêtes qu'on y célèbre, par la richesse des mythes qui, aujourd'hui encore, imprègnent la vie quotidienne. Pour s'y reconnaître dans cette jungle encore peu explorée, il fallait un guide. C'est ce que ce livre voudrait être.Guy Deleury, qui a longtemps vécu en Inde, a publié de nombreux ouvrages sur ce pays, dont Le Modèle indou et Les Indes florissantes.
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Personne n'a oublié la consternante affaire du Carrefour du développement.
Chacun sait aussi que le comportement de certains proches du président Mitterrand en Afrique a été mis en cause à plusieurs reprises. Et qui ignore que la politique française au Rwanda, avant et pendant les massacres, a fait l'objet de violentes controverses ?
Guy Penne, conseiller pour les affaires africaines de François Mitterrand entre 1981 et 1986, puis sénateur des Français de l'étranger, apporte ici un témoignage inédit sur ces dossiers, comme sur tous ceux qui ont marqué la politique française en Afrique au cours des vingt dernières années.
Interrogé par Claude Wauthier, journaliste et auteur de plusieurs ouvrages qui font autorité sur l'Afrique, il nous livre quelques secrets bien gardés, donne à mieux connaître quelques-uns des personnages qui ont marqué l'histoire contemporaine du continent, chefs d'Etat comme Mobutu ou Eyadema, familiers de l'Elysée comme François de Grossouvre, proche collaborateur comme Jean-Christophe Mitterrand.
D'anecdotes en révélations, de rappels historiques en analyses politiques, ces Mémoires d'Afrique enrichissent notablement notre connaissance de l'Afrique et de la Ve République tandis que se trouve éclairé l'avenir d'une région du monde en proie à de nouveaux périls, dont la fidélité à la France ne s'est jamais démentie.
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Comme beaucoup d'entre nous, Guy Bedos avait suivi la dernière campagne de gauche, celle de François Hollande, avec espérance. Mais son regard sur ce quiquennat décevant, il l'a résumé en une phrase assassine : "Nous sommes toutes et tous des Valérie Trierweiler." À l'heure où l'extrême droite se projette au pouvoir, où tous les pronostics sont mis à mal par les rebondissements de l'actualité, il se livre de nouveau à son exercice favori : la revue de presse.
Libre comme il l'a toujours été, il porte les coups et se moque des puissants tout en donnant un éclairage cruel au théâtre politique. Dans ce journal de campagne, où l'on rit parfois de bon coeur, parfois jaune, l'auteur tente de mobiliser des électeurs assoupis avec cet esprit vif et corrosif qui est sa marque de fabrique.
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Correspondance Tome 3 ; janvier 1965 - décembre 1968
Guy Debord
- Fayard
- Documents Fayard
- 8 Janvier 2003
- 9782213613703
Pour l'Internationale situationniste, les années qui vont de 1965 à 1968 sont marquées par une implication déterminante dans ce que l'on pourra appeler le cours de l'Histoire.L'I.S. va se retrouver, malgré le boycott ou la récupération de ses thèses, au centre du débat culturel (politique et artistique) de l'époque. Situation qu'elle mettra à profit en faisant publier simultanément La Société du spectacle et le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations ; et en inspirant divers scandales qui marqueront de leur empreinte l'explosion de Mai 68.
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Sortir du socialisme
Guy Sorman
- Fayard
- Pour Une Histoire Du Xxe Siecle
- 15 Novembre 1990
- 9782213025681
Guy Sorman a exploré les décombres du communisme, de Léningrad à Moscou, Budapest, Varsovie, Prague, Pékin et Shanghai. Il y a rencontré les puissants et les humbles, des intellectuels, des chefs d'entreprise, des ouvriers, des paysans; il les a interrogés pour pressentir quel monde nouveau allait surgir en Europe centrale, en Union soviétique et en Chine.Contrairement à ce que l'on voudrait croire en Occident, l'écroulement du " socialisme réel " ne conduit pas nécessairement à la démocratie et à l'économie de marché. Ces pays sont en proie au réveil des nationalismes, à la séduction des hommes providentiels, aux illusions d'un Etat fort. D'où la nécessité de leur proposer une méthode, afin que les solutions libérales l'emportent, autant que faire se peut, sur les tentations totalitaires.Guy Sorman, 46 ans, éditeur et journaliste, est en particulier l'auteur de La Solution libérale et de Les Vrais Penseurs de notre temps.
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L'Inde hante l'imagination de l'Occident. Il y a deux mille ans y surgirent la charité et la croyance en l'immortalité de l'âme ; le christianisme en fut l'héritier. Au siècle des lumières, nos philosophes y découvrirent la tolérance religieuse. Dans les années vingt, le Mahatma Gandhi révéla au monde l'efficacité de la non-violence dans l'Histoire. En 1968, l'écologie et le féminisme nous parvinrent aussi de l'Inde.
Aujourd'hui, face à un Occident désenchanté par sa propre réussite matérielle, le voyage en Inde entrepris par Guy Sorman fait découvrir un continent mal connu et son véritable visage : l'Inde est-elle une véritable démocratie ? Que reste-t-il des castes et des gourous ? Comment y a-t-on vaincu la faim ? Pourquoi le pays se développe-t-il désormais plus rapidement que la Chine ? Cette Inde contemporaine recèle-t-elle encore quelque message de portée universelle ?
Pour Guy Sorman, de l'Inde au présent les Occidentaux peuvent rapporter le supplément d'âme et la fantaisie qui font tant défaut à la démocratie libérale et à l'économie de marché. "L'Inde qui apprend à vivre", en disait André Malraux. Ce qui, plus que jamais, reste vrai. -
Correspondance Tome 4 ; janvier 1969 - décembre 1972
Guy Debord
- Fayard
- Essais Fayard
- 6 Octobre 2004
- 9782213620589
En épigraphe aux Notes pour servir à l?histoire de l?I.S. de 1969 à 1971, parues en 1972 dans La Véritable Scission, Guy Debord plaçait deux citations ; l?une tirée de L?Idéologie allemande : «Les individus sont tels qu?ils manifestent leur vie. Ce qu?ils sont coïncide donc avec leur production, aussi bien par ce qu?ils produisent que par la manière dont ils le produi-sent» ; l?autre, des Mémoires du cardinal de Retz : «L?on a plus de peine, dans les partis, à vivre avec ceux qui en sont qu?à agir contre ceux qui y sont opposés.» C?est sur la base de telles réalités qu?un débat d?orientation, au sein même de l?I.S., fut engagé au début de 1970 pour provoquer une «véritable scission» dans l?I.S. Mais aussi, et à plus forte raison, «dans le vaste et informe mouvement de contestation» empreint d?idéologie et, par là même, sujet à toutes les récupérations ou manipulations possibles. L?Italie, en premier lieu, connaîtra dès cette époque bombes et autres formes éprouvées du terrorisme d?Etat.
Ce volume 4 de la Correspondancede Guy Debord témoigne de tout cela et, de manière tout aussi exemplaire, de l?emploi «fait du temps» qui, de l?aveu même de l?auteur, «composait un ensemble qui ressemblait aux plus heureux désordres» de sa jeunesse. -
Correspondance Tome 2 ; septembre 1960 - decembre 1964
Guy Debord
- Fayard
- 14 Février 2001
- 9782213604527
Cette correspondance, riche d'enseignements sur la personnalité et le rôle actif que joua Guy Debord, éclaire par des faits réels la compréhension du mouvement révo-lutionnaire le plus radical et le plus exemplaire du XX e siècle.
Ce tome 2 couvre une période qui va de septembre 1960 à décembre 1964. Elle c o rrespond aux premières années de l'In t e rnationale situationniste. Le processus de la rupture, qui a caractérisé le mouvement situationniste, se poursuit et se précise.
On retrouve dans ces lettres, la clarté et la rigueur de celui qui, n'usant que de l ' a rme qu'il s'est donnée a, jusqu'au bout, défendu ses idées contre toutes les formes de compromission spectaculaire.
Guy Debord, penseur révolutionnaire le plus important de la deuxième moitié du XX e siècle, est le fondateur de l'Internationale situationniste et l'auteur notamment de La Société du spectacle, Panégyrique, la véritable scission.
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Des Etats-Unis déferlent les nouvelles normes culturelles, religieuses et médiatiques qui nous submergent. Les cultures nationales résisteront-elles à ce que l'on appelle la mondialisation mais qui n'est en fait qu'une américanisation?A cette interrogation centrale pour notre temps, Guy Sorman répond à sa façon, non avec des théories abstraites, mais par l'exploration, sur place, de la manière dont les grandes civilisations réagissent au nouveau défi américain.En Europe, en Russie, en Chine, au Japon, en afrique, en Amérique latine, l'auteur nous conduit aux frontières où les cultures se heurtent. Ces lignes de fracture entre civilisations passent par Istanbul, le détroit de La Pérouse, le canal de Beagle, la passe de Khyber, le 38e parallèle, Brest-Litovsk, Ceuta, Tijuana, une rue à Brooklyn, la muraille de Chine, le Mur de Berlin, Sarajevo et Jérusalem...A partir de ce voyage qui mêle choses vues et entendues, rencontres dramatiques ou cocasses, l'histoire, la littérature, les souvenirs et la réflexion, Guy Sorman montre comment notre planète hésite entre deux forces contradictoires: la mondialisation à l'américaine et le réenracinement tribal.Dans cette tension entre civilisations, la France devrait poursuivre sa voie singulière, celle du métissage des cultures plutôt que de l'exclusion de l'autre.Guy Sorman enseigne, écrit et dirige un groupe de presse. Parmi ses douze ouvrages publiés, rappelons La Solution libérale, Les Vrais Penseurs de notre temps, et Le Bonheur français.
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Le don, le volontariat, les fondations, la philanthropie sont au coeur de la société américaine : 90% des Américains participent, en donnant du temps ou de l'argent, à une activité dite « non lucrative » pour soutenir les écoles, les universités, les arts, la nature, l'action humanitaire, les églises... Ce troisième secteur, ni capitaliste ni socialiste, représente 10% de l'économie américaine et emploie 10% des Américains !
Curieusement, le sujet est peu connu, peu décrit : il n'existe aucun livre qui en donne une vision d'ensemble. Le Coeur américain propose cette vision sous la forme d'une enquête menée dans tous les États-Unis auprès de ceux qui donnent et de ceux qui reçoivent. Ce voyage est accidenté : bien des fondations sont inefficaces ou relèvent du spectacle. Certaines Églises font oeuvre utile, d'autres non. Quelques fondations, dites think tanks, jouent un rôle politique déterminant. D'autres défendent bruyamment des causes qui divisent (drogue, armes), si bien que les minorités actives se révèlent souvent plus influentes que la majorité silencieuse. C'est la philanthropie qui vient réparer la société américaine, fragmentée par la violence, les conflits ethniques et la faiblesse des protections sociales collectives. Observer aujourd'hui ce troisième secteur permet de découvrir une face méconnue des États-Unis, mais aussi de la comparer à la France et à l'Europe : en Europe, où l'Etat providence est à bout de souffle, l'expérience américaine nous enseigne quelques approches innovantes pour promouvoir la solidarité, améliorer la vie des quartiers difficiles, l'éducation, voire créer de nouvelles formes de citoyenneté fondées sur la société civile plutôt que sur la dépendance envers l'État.Guy Sorman est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont La Solution libérale, Les Vrais Penseurs de notre temps, L'Année du Coq, Le Génie de l'Inde, Made in USA, L'Economie ne ment pas, parus aux Editions Fayard. -
La magie de la créativité littéraire de Rabelais opère si efficacement que, depuis l'origine, le public a tendance à imprégner de la vitalité de ses personnages la vie de l'auteur; on aime lui prêter la figure et les aventures de ces voyageurs dont l'errance " n'engendrait point mélancolie ", de ces buveurs infatigables, géants truculents affamés de mangeaille et de gai savoir, de ce moine " bien fendu de gueule ", débitant gaudrioles et jurons énormes, ne respectant ni Dieu ni diables, brocardant femmes, moines, vieillards tousseux de la Sorbonne...Mais, dans le cas de Rabelais, pour trouver l'homme, il ne suffit pas de chercher l'auteur. Pour tenter de le rencontrer dans sa vérité humaine, dans sa dimension historique, il faut contrôler par les renseignements que donnent de trop rares documents les indices tirés du monument littéraire qu'est le Pantagruel. Maistre François ne se confond pas avec l'auteur, au succès sans doute inattendu, qui signait Alcofribas; en le situant dans son temps, dont il est le témoin autant que le critique, on apprend à estimer une intelligence curieuse des progrès de l'esprit d'investigation scientifique, mais épouvantée devant les désordres que laissent prévoir les innovations techniques, économiques, politiques; un folkloriste bien au courant des traditions populaires, mais exécrant les superstitions encore vivantes dans les fêtes et les rites; un philosophe à la recherche du Mot qui résumerait la vérité, mais auteur d'almanachs ridiculisant les prophéties; un archéologue partisan d'une réforme de l'enseignement, de l'armée, de la justice; mais aussi et surtout un des plus célèbres médecins d'Europe, attaché comme secrétaire aux représentants les plus influents de la diplomatie française. Pouvoir reconstituer la biographie intégrale de Rabelais, c'est s'insinuer dans les coulisses de l'histoire européenne de la première moitié du XVIe siècle.Guy Demerson est professeur émérite de langue et littérature françaises de la Renaissance à l'université Blaise-Pascal (Clermont 2) et directeur d'un groupe d'études collaborant à la constitution d'une Banque de données textuelles du français préclassique. Entre autres études sur Rabelais, il a publié une édition des OEuvres accompagnée d'une translation en français moderne due à ses étudiants.
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Humilié, comme tous ceux de sa lignée, par les Bourbons, critiqué, puis menacé durant la Révolution, éternel candidat au moindre trône vacant d'Europe, opportuniste ou passant pour tel (il fut quasi jacobin dans sa jeunesse et finit sa vie en monarque autoritaire chassé par une émeute), moqué par ses adversaires politiques des deux bords au cours de son règne, Louis-Philippe a laissé dans la mémoire des Français une image ambiguë et contradictoire. Par surcroît, ce n'est que depuis peu de temps que sont accessibles aux historiens les archives permettant d'éclairer sa figure de façon définitive. Guy Antonetti est le premier d'entre eux.
Qui était donc le dernier roi sous lequel les Français ont accepté de vivre ? Faudrait-il, comme on le fait souvent des personnages mal connus, le statufier, le créditer d'avoir fait avancer la démocratie libéra-le et d'avoir donné au pays près de vingt ans de stabilité ? Certes non. Si son règne ne fut pas le désastre que l'on a dit et si nombre de ré-formes positives portent son empreinte propre, il est clair que Louis-Philippe a échoué. La monarchie issue des Trois Glorieuses était à ses yeux d'une perfection indépassable. Il était convaincu que le choix fait alors - le « juste milieu » entre l'absolutisme de l'Ancien Régime et l'anarchie jacobine , garanti par la charte 1814 révisée, était le seul possible. Il se prenait pour un homme de son temps, alors qu'il n'était au fond qu'une figure éminente de cette aristocratie éclairée du xviiie siècle qui se rallia au tiers état en juin 89 en rêvant de transformer la monarchie en une royauté constitutionnelle on connaît la suite. Rejetant la leçon, Louis-Philippe ne sut pas évoluer, en depit d'une in-telligence et d'un courage évidents. La même insurrection qui l'avait mis sur le trône en juillet 1830 le balaya en quelques jours en février 1848.
Né en 1773, il prolonge, au siècle de la vapeur, l'époque des Lumières. N'a-t-il pas, enfant, croisé Voltaire, lequel avait vingt ans en 1715 et n'a-t-il pas dîné avec Robespierre et avec Washington, mais son père n'a-t-il pas été l'homme le plus riche du royaume, et n'était-il pas lui-même quatre fois l'arrière-petit-fils de Louis XIV ?
Louis-Philippe a voulu être roi, un vrai roi, un grand roi. Il a seulement oublié que la France ne voulait plus de roi du tout, ni petit ni grand.
Professeur à l'université de Paris II, Guy Antonetti, agrégé de droit, est historien du droit, spécialiste des questions financières et économiques. -
Ces peines obscures : La prison pénale en France (1780-1875)
Jacques-guy Petit
- Fayard
- 21 Février 1990
- 9782213023670
La peine de prison _ invention moderne puisqu'elle n'est devenue la base de la pénalité en France que sous la Révolution _ est pavée dès ses débuts de bonnes intentions. En 1791, son principal promoteur, Le Pelletier de Saint-Fargeau, veut en faire l'espace et le temps du rachat social en attendant que de justes lois rendent les lois répressives inutiles. Mais déjà la prison réelle apparaît comme un lieu de souffrances cachées et l'école du crime.La prison, purgatoire des égarés ou enfer des condamnés? Le débat est loin d'être clos. Cette histoire concerne l'évolution de notre société postrévolutionnaire. Situant les hommes qui ont fait de la prison le pivot de la pénalité, elle retrace aussi la vie quotidienne des condamnés et la naissance des manufactures carcérales. Il y est donc question de politique, de droit et de justice. Il y est encore question de philanthropie, de médecine et d'architecture, d'entrepreneurs privés et de concurrence, de violence et de religion.Analyser comment les prisons pénales sont nées au XVIIIe et se sont développées au XIXe siècle, c'est voir comment, pour affirmer leur pouvoir et discipliner une société qui se recompose, les élites du siècle du progrès, dans l'obscurité carcérale, ont fait sentir aux " mauvais pauvres " la terrible douceur des peines.Jacques-Guy Petit, docteur d'Etat ès lettres et sciences humaines, est maître de conférences d'histoire contemporaine à l'université d'Angers.
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La Mutation de l'an mil : Lournand, village mâconnais, de l'Antiquité au féodalisme
Guy Bois
- Fayard
- 6 Décembre 1989
- 9782213024202
"[...] Dégagé de toutes contraintes, associant ce qu'il y a de plus neuf dans l'oeuvre de Fernand Braudel à des outils conceptuels qu'il emprunte au marxisme, mais après les avoir décapés, affûtés, dérouillés en totale liberté, faisant place sans privilégier aucune d'elles à toutes les "instances", qu'elles relèvent du matériel ou de ce qu'il ne l'est pas, accordant autant d'intérêt aux faits religieux qu'à la démographie ou aux techniques de production, très attentif aussi aux discordances entre les divers courants dont les rythmes interfèrent au sein d'un même processus, Guy Bois construit avec soin, clarté, prudence, un modèle. Il ose proposer l'explication globale, entièrement neuve, cohérente, d'une transition, ou plutôt d'une révolution. Il esquisse la théorie de ce passage qui substitua au système social "antique" cet autre système que nous continuons d'appeler féodal.
"Audacieux, l'essai séduit, provoque. Il dérange. Il appelle à approfondir, à poursuivre sur telle piste entrouverte, à confronter, à regarder ce qui se passe ailleurs, au même moment, plus tôt, plus tard, à vérifier, à critiquer [...].
"[...] Ce véritable monument, aéré, harmonieux, en impose. On ne le démolira pas de sitôt. Guy Bois sait persuader. Il sait communiquer l'ardeur qui l'anime." Georges Duby Professeur d'histoire médiévale à l'université de Paris-I, Guy Bois est l'auteur d'un ouvrage très remarqué, Crise du féodalisme. Economie rurale et démographie en Normandie du début du XIVe siècle au milieu du XVIe siècle (Paris, 1981). Récusant les carcans dans lesquels s'enferme l'historiographie traditionnelle, ses travaux renouvellent profondément le regard que nous portons sur le "Moyen Age". -
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Traiter un leader de populiste c'est l'insulter. Mais qu'est-ce que le populisme ? Il ne se résume pas à la démagogie de Le Pen en France, de Haider en Autriche ou du colonel Chavez au Vénézuéla. Ce n'est pas le masque du vieux fascisme, ni davan-tage un synonyme de l'extrême droite. Le populisme a pris en réalité des visages multiples durant sa longue histoire, de celui des nihilistes de la Russie des tsars à son visage xénophobe actuel, en passant par ceux que le général Boulanger, la douce Evita Perón ou encore Boris Eltsine lui donnèrent. Ce livre redécouvre le populisme sous toutes ses facettes. Dépassant ses définitions trop partielles élaborées jusqu'à présent, il le fait d'abord en précisant ses traits, dictés par sa négation du code normal de la politique qui consiste à jouer avec le temps alors que les populistes déclarent tout possible sur l'instant. Puis il brosse un tableau sans équivalent ailleurs des formes familières ou exotiques que le populisme a revêtues et revêt aujourd'hui dans l'ensemble du monde : en Europe de l'Ouest et de l'Est, mais aussi en Amérique latine, en Asie ou dans les pays arabes. Par la même occasion, il introduit des questions assez indiscrètes sur ce que la démocratie devrait être pour que les populistes ne l'assaillent plus.Directeur d'études à l'Institut d'études politiques de Paris après avoir occupé la chaire internationale de l'Université libre de Bruxelles, Guy Hermet a enseigné auparavant à l'université de Lausanne ainsi qu'à l'Institut universitaire des hautes études internationales de Genève. Il a également dirigé le Centre d'études et de recherches internationales (CERI) de Sciences-Po.
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Face à la mondialisation ressentie comme une menace, comment sauver l'intégrité de l'Islam ? Les musulmans sont divisés. Un premier courant, celui de l'islamisme radical, peut conduire au fanatisme et à la violence ; il mobilise toute l'attention des Occidentaux. Pourtant, une autre tradition propose un islam éclairé et libéral.
Son histoire commence en Egypte au XIXe siècle. Le héros en est Rifaa el-Tahtawi, penseur et homme d'Etat. Il modernise son pays en s'inspirant de la France où il a vécu. Depuis lors, les progressistes musulmans se désignent volontiers comme « les enfants de Rifaa ». Enracinés dans leur foi et leur culture, partisans de la démocratie et de l'esprit des Lumières, ils combattent les fanatismes religieux, les idéologies totalitaires et, avec courage, leurs propres tyrans. Pourtant, aucune caméra ne vient en porter témoignage ; pas une ligne dans nos médias. Allons-nous enfin soutenir ces alliés naturels de l'Occident ?
Bien souvent, en effet, nos gouvernements préfèrent s'accommoder avec des despotes. Fatale erreur ! A terme, seule la libération des musulmans contre les islamistes, les dictateurs, l'ignorance et la pauvreté pourra fonder notre propre sécurité.
Au Maroc, en Indonésie, en Egypte, en Turquie, en Israël, au Koweït, en Arabie Saoudite, en Iran, au Bangladesh, Guy Sorman a rencontré ces « enfants de Rifaa ». Qu'attendons-nous pour leur tendre la main et tenter ainsi de réconcilier les musulmans avec l'Occident ? -
Ce livre se veut une analyse lucide et exhaustive du traumatisme géopolitique de la dernière décennie, qui a émergé sitôt après la chute du Mur de Berlin, au choc Est-Ouest succédant, si l'on peut dire, un choc Orient-Occident, ces derniers vocables, avec leur charge historique, impliquant des paramètres extra-militaires (culture, religion, traditions, mode de vie, etc.). Pour le dire brièvement, nous pensions, à l'Ouest, que le reste du monde, en consommant nos produits (du fast-food au blue jean et au western) assimilerait nos valeurs. C'est tout le contraire qui se produit : au fur et à mesure que le reste du monde se modernise, il devient de plus en plus anti-occidental et cela est encore plus vrai dans cette partie du « Sud » islamisée qui héberge plus d'un milliard d'êtres humains et que les observateurs ont grandement tort d'estimer en voie de « normalisation ».
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Les lumières au péril du bûcher ; Helvétius et d'Holbach
Guy Chaussinand-nogaret
- Fayard
- Litterature Francaise Fayard
- 14 Octobre 2009
- 9782213642673
Les Lumières n'ont rien laissé de côté : curiosité universelle, critique sociale, subversion politique, bataille (anti)religieuse... Leurs représentants ont tous soumis les idées dominantes et les institutions régnantes à un examen rigoureux. Tous deux collaborateurs de l'Encyclopédie et presque contemporains (Helvétius, 1715-1771, d'Holbach, 1723-1789), ils représentent des courants très radicaux : athées tous deux ce qui les différencie de beaucoup de leurs amis plus ou moins déistes, matérialistes résolument (mais l'un et l'autre d'une façon un peu différente). Ils sont d'une origine plus prestigieuse que les Diderot et d'Alembert : d'Holbach est un aristocrate allemand qui tient table ouverte à Paris, Helvétius a été fermier général et s'est retiré fortune faite. Bien entendu, ils se connaissent et s'estiment, par leur position sociale, ils démultiplient en quelque sorte les idées subversives. A côté des chefs de file intellectuels et à côté des dames qui tiennent salon, ils alimentent les élites en thèmes de réflexion, les invitant à toujours plus d'audace.
Il est éclairant et fécond, pour un historien de la société et historien des idées comme Guy Chaussinand-Nogaret, d'évoquer leur destin et leurs oeuvres sous forme de « vies parallèles ». Un livre neuf et original.
Directeur d'études honoraire à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, spécialiste éminent du xviiie siècle, Guy Chaussinand- Nogaret est l'auteur de nombreux ouvrages fondamentaux sur cette période. Il a récemment publié Casanova (Fayard, 2006) et D'Alembert, une vie d'intellectuel au siècle des Lumières (2007). -
« Longtemps, l'origine territoriale a dicté le destin personnel et le regard que chacun portait sur le monde. On voyageait, on migrait parfois mais en restant attaché, par un fi l visible ou non, au village, au pays. Pourtant, nous sommes de moins en moins d'ici et de plus en plus de notre temps. Les migrants, les jeunes, les élites cosmopolites sont les plus citoyens de leur temps ; les nostalgiques, les immobiles restent de leur lieu mais sans être à l'abri du temps. Tout bouge, tout voyage, tout change : les hommes, les objets, les musiques, les images, les idées. Ce mouvement général et ce transfert d'identité font ce que l'on appelle la mondialisation. » Les réflexions rassemblées dans ce volume participent de cette célébration du temps. Publiées au départ sous forme de journal entre 2006 et 2009, ces trois cents textes courts et synthétiques ont comme fi l conducteur la mondialisation, observée par Guy Sorman comme une civilisation. Parcourant le monde entier, de New York à Berlin, des mégapoles de Chine et d'Amérique latine aux terres indiennes, il nous livre avec ces micro-récits au ton enlevé, parfois polémique, leur souci de l'information exacte, une vision protéiforme de la planète « ici » et « maintenant ».Guy Sorman enseigne, écrit et dirige un groupe de presse. Il vit entre Paris et New York, et parcourt sans cesse le monde pour voir et s'informer. Parmi ses ouvrages publiés, rappelons La Solution libérale, Les Vrais Penseurs de notre temps, Le Bonheur français, Le monde est ma tribu, Une belle journée en France, La Nouvelle Solution libérale, Le Génie de l'Inde, Le Progrès et ses ennemis, Les Enfants de Rifaa, Made in USA, L'Année du Coq et L'Économie ne ment pas.