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Guy Bretéché
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Art fulgurant et inquiet, le flamenco se déploie comme un éclair au coeur de l'Andalousie. Il brille à deux pas de chez nous et pourtant nous en ignorons souvent les secrets, prisonniers que nous sommes de clichés exotiques tenaces. Le livre de Guy Bretéché, qui cherche avant tout à transmettre une passion, se propose de remonter le temps pour expliquer la genèse de cette admirable expression populaire avant d'en narrer les richesses, les évolutions mais aussi les dérives. Art de la marge, art de la confidence, le flamenco authentique ne se laisse pas facilement dompter malgré les agressions sournoises de la corruption mercantile. Enraciné dans une terre qui a su capter les richesses d'une brillante histoire, il a toujours résisté aux assauts de l'insignifiance. Il est et restera, selon le mot du poète, " une façon de se plaindre sans s'humilier."
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Le narrateur de ce roman est un homme désabusé qui n'a réussi ni sa vie professionnelle ni sa vie sentimentale. Égaré dans une société qu'il ne comprend plus et dont il ne partage pas les valeurs, il accepte par désoeuvrement une invitation qu'il croit anodine. Mais l'été qu'il va passer dans une vaste demeure sur les bords de l'Atlantique lui révèlera des secrets imprévus. En côtoyant la belle Marina, fée capricieuse d'un conte étrange, il va déterrer une affaire sordide qui remonte à la guerre civile espagnole et où la trahison joue un rôle majeur.
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« À Aurore j'écrivis: "De ma vie, tu n'as connu que les reflets changeants. Les courants profonds qui la portent et la traversent, tu les ignores. Les grilles d'analyse que tu as longtemps posées au travers de ma route n'étaient que des obstacles inutiles. J'ai toujours pensé que ton obstination à vouloir juger les autres était une façon d'échapper à tes gouffres.".
Je rédigeai cette lettre dans la colère d'un soir d'été, installé à la table de la terrasse, bercé par le craquètement des cigales.
La même année, la nuit du réveillon de la Saint-Sylvestre, Aurore se jetait du pont des Mouettes. Le lieu et la date qu'elle avait choisis pour mourir n'étaient pas le fruit du hasard. Notre histoire d'amour avait commencé un 31 décembre au cours d'une fête chez des amis communs. La passerelle qui reliait les anciennes mines d'étain au bois des étangs et sur laquelle les mouettes venaient se poser parfois avait été le repaire privilégié de mon enfance.
Ce geste m'était donc adressé. Il me fallut bien des années pour en maîtriser la portée. Le temps de me perdre et d'oublier, d'abandonner les certitudes et les évidences. Un long chemin peuplé d'ombres et de fantômes perdus dans une farandole dérisoire ».
Ainsi débute ce roman du désenchantement qui évoque un bonheur possible avant l'arrivée des premières déceptions, la fin des amitiés, l'amour qui se heurte aux pièges du quotidien.
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Le chant lointain dont il est question dans ce roman est celui qu'entonna après la seconde guerre mondiale la classe ouvrière nantaise. Fière et solidaire, confortée dans ses valeurs par les conquêtes sociales obtenues au terme de luttes intenses, elle connut des années légères. Dans l'euphorie de son enfance, le narrateur suit les pas de son père qui cultive l'art de l'amitié avec emphase et générosité. Les personnages qui gravitent autour de lui apportent avec eux leur démesure, leur colère, leurs excès. C'est tout un monde disparu qui revit dans ce récit illustrant la phrase de Louis Guilloux : « Je doute qu'aucun amour vaille celui des pauvres. »
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Mathurin Bobet n'est pas un enfant agréable. Élevé dans un milieu populaire chaleureux, il se fait surtout remarquer par sa médiocrité et ses méfaits. Parvenu à l'âge adulte, il fait preuve de ténacité et d'opportunisme pour satisfaire ses ambitions personnelles. Doté d'un sens aigu de la stratégie, il parvient peu à peu à monter vers les sommets de la hiérarchie. Enivré par l'odeur du pouvoir, il ne reculera devant aucune compromission pour parvenir jusqu'aux plus hautes marches du temple.
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Je m'appelle André Pisandre mais tout le monde au lycée me surnomme Sénèque. J'enseigne le latin et le grec depuis vingt ans. Je suis ce qu'on appelle professeur de lettres classiques et à ce titre je jouis d'une indépendance enviable car personne dans l'établissement ne dispense les mêmes cours que moi. C'est sans doute la raison pour laquelle j'entretiens avec Michel Thénal, le professeur de philosophie, d'excellentes relations puisque lui non plus n'a aucun concurrent direct. Il faut dire que dans notre bulle pédagogique les rivalités sont exacerbées. Chacun compare ses méthodes, dénigre son voisin, s'estime plus compétent que lui. Bref depuis vingt ans, je me débats dans l'univers antique avec passion, avec patience devant des élèves sympathiques qui généralement ne comprennent pas l'enthousiasme que je mets à traduire une plaidoirie de Cicéron ou un passage d'Antigone du grand Sophocle.
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Ces jours bleus et ce soleil de l'enfance
Guy Bretéché
- Editions Du Net
- 24 Octobre 2018
- 9782312060507
Les quatre hommes qui se trouvent sur la photographie sont morts aujourd'hui. Assis autour d'une table du café des Tonnelles un dimanche matin, ils dégustent un muscadet. C'est le 24 décembre 1961. Dans quelques heures, ils monteront dans un autocar de chez Drouin qui les emmènera à Saint-Brévin pour assister à un match de football déjà décisif pour l'ascension en Promotion d'Honneur. De gauche à droite, il y a Joseph Maindron, président du club. La main sur le verre, il sourit avec gentillesse. Jean Verger, le secrétaire, porte une large moustache et semble plaisanter. Georges Béguat, poissonnier aux bras lourds, étudie avec attention son ticket de tiercé. Donatien Brocher, ami des trois autres, lit un journal en fronçant les sourcils. Ce dernier personnage est mon père. C'est lui qui m'a prêté son appareil et m'a dit de prendre un cliché. J'avais dix ans et je me suis appliqué pour ne pas le décevoir.
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Il m'arrive encore de repasser devant la ferme des Glénans. Poussé par une inexplicable nostalgie, je longe la route du calvaire et file jusqu'au bout du chemin, là où j'ai vécu avec Orlane il y a quarante ans. À cette époque, c'était une vieille bâtisse que nous avait louée un couple de paysans partis à la retraite. Nous l'avions aménagée avec nos maigres moyens, cherchant avant tout à profiter de ce lieu solitaire et calme.
Aujourd'hui, il ne reste rien de ce décor antique. La maison est en ruines et les frondaisons généreuses qui apportaient ombre et sérénité à la campagne endormie ont été remplacées par des poulaillers en béton d'une hideur tenace. Lorsque je m'arrête, il me semble pourtant reconnaître quelques vestiges du passé.
Quand je reviens vers ce pôle aride, je ne peux m'empêcher de revoir les visages de ceux qui ont hanté ces lieux, d'entendre leur voix, de suivre leurs gestes et de mesurer le chemin que nous avons parcouru ensemble avant que les trahisons et la mort ne viennent poser sur cette époque un voile étrange.
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Tout a commencé par la mort d'un chat dans une cour d'immeuble à Tokyo. C'est du moins ce qu'ont prétendu les médias internationaux. L'animal avait les yeux révulsés, la bave aux lèvres, le poil hérissé. La propagation du virus HD250 aurait son origine dans le décès étrange de cet animal près d'un marché très fréquenté durant la saison des pluies. Évidemment, nous autres, en Europe, nous étions très éloignés de cet événement et n'avons eu vent de l'incident que des mois plus tard.
À cette époque, j'étais éboueur en province et Noël approchait. Les cadences s'accéléraient pour garder les rues propres. La foule se massait dans les magasins et j'avais à peine le temps de suivre les informations. Pourtant avec le recul, je m'aperçois que nombreux étaient les journaux qui insistaient déjà sur l'ampleur de l'épidémie dans l'empire du soleil levant. On parlait d'hôpitaux surchargés, d'excès de mortalité. Tout cela nous paraissait très lointain, irréel. Les fêtes se passèrent dans l'insouciance et l'euphorie habituelle.
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« Depuis déjà une heure, Gérard Bouland courait au long du canal dans la tempête. Il était parti de sa maison située au centre de Blain, avait rejoint le quai Surcouf, traversé la nationale et filé vers l'écluse de la Paudais. Il y avait maintenant dix ans qu'il effectuait chaque mercredi matin son footing sur ce parcours et c'était la première fois qu'il connaissait un temps pareil. Les arbres se courbaient sur la berge, les prairies étaient recouvertes d'une eau sale et quelques vaches tentaient de s'abriter contre les haies. » Ainsi commence ce roman dont l'intrigue se déroule à Blain et dans ses environs. Un corps flotte sur les eaux du canal à l'approche de Noël, la ville plie sous les coups de la tempête, les rumeurs naissent. Pour comprendre l'énigme de cette mort mystérieuse, il faudra remonter jusqu'à la seconde guerre mondiale, ses enjeux et ses trahisons. Le maquis de Saffré, la résistance des humbles, la vie difficile des femmes durant l'Occupation mais aussi la lente évolution vers la modernité, la mutation du monde rural, les conflits entre générations. Ce récit qui parcourt plusieurs décennies se veut surtout un hommage aux anonymes qui font l'histoire sans jamais apparaître dans les livres officiels.