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C'est un poème de Kim Hye-soon qui donne son titre à l'ensemble du recueil ici traduit.
L'imagination de Kim Hye-soon est intrinsèquement poético-politique. Ses poèmes ne glissent jamais au discours ; ils sont d'une efficacité intime contre tout pouvoir hérité, contre toute emprise ou autorité acquise.
Imprévisibles, ces poèmes s'imposent avec une netteté cruelle. Il n'est rien qui, dit par Kim Hye-soon, puisse espérer demeurer stable. Les êtres sortent de leurs contours.
L'espace-temps entre en métamorphose. Et les phrases vibrent d'une fièvre volontiers sarcastique.
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Dentifricetristesse crèmemiroir (2011) est le dixième recueil de poèmes de Kim Hye-soon. L'univers de Kim est notamment reconnu pour son imagination débordante et insolite, sa sensibilité exceptionnelle au langage et son refus constant de la répétition. La poésie de Kim, devenue une des forces motrices de la poésie coréenne depuis 1980, transgresse de nouveau la hiérarchie des arts et la voix despotique qui réprime la vie et ses désirs, en laissant respirer tous nos sens.
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Un jour en 2015, Kim Hyesoon s'effondra dans une station de métro à Séoul.
Souffrant d'une névralgie trigéminée, elle se rendit dans un hôpital. Mais à cause du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) qui se propageait à l'époque dans son pays, elle dut changer sans cesse d'hôpital, ce qui aiguisait sa souffrance. « Quand j'écrivais, ditelle, les quarante-neuf poèmes de ce livre, j'étais gravement malade. La mort était devant, derrière et dans ma tête. Comme si je vivais dans les limbes, j'ai passé des journées entières dans la souffrance. [...] Y aurait-il quelque chose de plus solitaire que la souffrance ? ... Cette personne ne me connaît pas. Tu ne me connais pas. Je ne me connais pas non plus. Je voulais mourir avant que ma mort n'arrive ».
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Dans l'univers poétique de Kim, tout disparaît, les êtres et les choses qu'il voulait garder auprès de lui, Dieu qu'il recherchait et croyait un moment avoir trouvé et, enfin, lui-même qui s'illusionnait sur la pérennité de son propre être, prenant conscience de sa solitude, c'est-à-dire de la survie de celui-ci seul après la disparition de tout autre. On imagine, avec le poète qui anticipe sa propre disparition même, un calme et un silence s'étendant sans borne, et où tout disparaît, le grand tout qui s'érige enfin en un dieu : c'est un dieu impassible, un dieu qui ne manifeste ni sentiment ni émotion ni trouble envers les affaires d'ici-bas, qui n'en parle ni n'en juge non plus, qui n'est qu'un silence infini, qu'un calme infini et qui finalement rend vains tous nos efforts, toutes nos actions et oeuvres, et toutes nos joies et tristesses...