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Stanke Alexandre
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Ru est composé de très courts récits liés un peu comme dans une ritournelle :
La première phrase du chapitre reprend le plus souvent l'idée qui terminait le chapitre précédent, permettant ainsi de faire le pont entre tous les événements que la narratrice a connus : sa naissance au Vietnam pendant la guerre, la fuite avec les boat people, son accueil dans une petite ville du Québec, ses études, ses liens familiaux, son enfant autiste, etc.
La vie de l'auteure est bourrée de gens charmants, singuliers, de situations difficiles ou saugrenues vécues avec un bonheur égal, et elle sait jouer à merveille avec les sentiments du lecteur, oscillant entre le tragique et le comique, entre le prosaïque et le spirituel. Écrit sur un ton féminin, maternel, chaleureux, poignant et très original, qui dépasse la tranche de vie traditionnelle, Ru dénote un grand talent dans l'art de raconter, où le souvenir devient prétexte tantôt au jeu, tantôt au recueillement. Un récit d'une adorable et candide survivante, un récit qui contient toute la grandeur de la vie.
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Kim Thúy nous livre son nouveau roman puissant et raffiné, à la hauteur de son talent.
Mãn est une histoire d'amour entre une femme et celles qui l'ont, tour à tour, fait naître, allaitée, élevée. Elle a été déposée dans le potager d'un temple bouddhiste sur le bord d'un des bras du Mékong par une adolescente. Une moniale l'a recueillie et nourrie d'eau, de riz et du lait des seins d'une mère voisine, avant de la confier à une autre femme - enseignante de jour, espionne en tout temps.
Mãn parle de l'amour à l'envers, celui qui doit se taire, celui qui ne peut être vécu, celui qui ne doit pas s'inscrire dans le temps en souvenirs, en histoires. Or, juste avant la fin, ou au milieu d'un nouveau début, ailleurs, loin de la chaleur tropicale, près du corps, dans la lenteur aérienne des flocons de neige, il y a eu un amour à l'endroit, c'est-à-dire un amour ordinaire né d'une rencontre ordinaire, avec un homme ordinaire, ce qui était pour elle l'extraordinaire, l'improbable.
Mãn, c'est l'apprentissage du mot « aimer » pour donner suite à la définition du verbe « vivre » de À toi et à la conjugaison de « survivre » de Ru.
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Mon prénom, Bào Vi, illustrait l'intention de mes parents de « protéger la plus petite ».
Si l'on traduit littéralement, je suis « Précieuse minuscule microscopique ».
Comme dans la plupart des cas au Vietnam, je n'ai pas su être à l'image de mon nom. Souvent, les filles qui s'appellent « Blanche » ou « Neige » ont le teint très foncé, et les garçons nommés « Puissance » ou « Fort » craignent les grandes épreuves.
Quant à moi, je grandissais sans cesse, dépassant de loin la moyenne et, du même élan, me projetant en dehors des normes.