Le 11 novembre 1942, un télex apprend au monde abasourdi que le maréchal Pétain a quitté Vichy pour rejoindre Alger où les Américains viennent de débarquer. À Londres, après la consternation, c'est l'affolement. Le Général rassemble ses troupes et affrète un bateau. À bord de cette nouvelle arche de Noé, une galerie de personnages tous plus excentriques les uns que les autres. À commencer par les proches du Général - Aron, Kessel, Druon -, des traîtres, des héros ; sans oublier les femmes, espionnes, cartomanciennes, princesses. Des intrigues se trament, des couples se forment et se défont tandis qu'apparaissent des villes légendaires comme Samarcande.La plume de Jean-Marie Rouart virevolte, bondit, caracole. Mais derrière ce roman picaresque se cache un conte philosophique où, plus sérieusement, l'auteur s'interroge sur l'histoire et ses folies, ainsi que sur certaines énigmes troublantes de la Résistance et de la Collaboration. Et sur une énigme plus grande encore : celle du temps qui fait l'histoire et défait les amours.Un livre drôle, décoiffant, carrément fou. Bernard Pivot, Le Journal du dimanche.
Des liens étranges ont uni le peintre Augustin Rouart et son fils Jean-Marie. L'écrivain raconte comment ces relations ont connu toutes les phases d'une affection filiale, de l'amour aux turbulences de l'adolescence, pour trouver une définitive harmonie dans l'art. Jean-Marie a d'abord été l'enfant modèle dont le peintre ne se rassasiait pas de brosser le portrait. Et celui qui, confié de manière romanesque à des parents adoptifs à Noirmoutier, recevait des lettres illustrées où son père lui racontait sa vie en dessins comme une bande dessinée.Ayant rejoint le monde des mots, du roman, l'écrivain s'interroge sur les liens secrets qui unissent peinture et littérature. Comment peuvent-elles s'enrichir l'une l'autre ? De quelle manière la peinture a-t-elle agi sur sa vision des choses ? Dans cet ouvrage richement illustré, c'est à son tour de brosser le portrait d'Augustin, moins l'homme au caractère ombrageux que l'artiste lumineux et heureux dans son art. Sans dissimuler les frustrations éprouvées, il se félicite de ces retrouvailles dans le seul monde où les médiocrités de la réalité sont abolies et où se rejoignent dans de mystérieuses correspondances le pinceau et les mots.
"Rien n'a jamais mieux résumé pour moi Jean d'Ormesson que la formule qu'emploie Shakespeare pour définir l'amour : l'éternité plus un jour. Personne n'a éprouvé comme lui une curiosité plus avide sur l'homme, son origine, son avenir, tout en ayant une aussi grande conscience de l'impermanence des choses et du caractère éphémère de la vie.
La littérature était son pays, elle était sa religion, elle était sa passion. Il n'a jamais vécu que pour elle, par elle. Il la vivait, il la respirait en tout.
Que ce soit dans l'amour ou dans l'amitié, marchant au soleil dans les chemins corses ou sur des skis à Val d'Isère, les mots, les vers étaient omniprésents. Notre amitié de cinquante ans est née de cette merveilleuse intoxication réciproque. Ensemble, nos personnes comptaient peu. Ce livre est une façon de poursuivre un dialogue, une communion quasiment journalière, interrompue par la mort, mais que je poursuis dans mon for intérieur."
Pourquoi le destin s'acharne-t-il sur la comtesse Berdaiev? Aristocrate très belle et très libre, elle appartient à la communauté des Russes blancs, ces exilés qui ont fui l'Union soviétique après la révolution de 1917. Personnalités fantasques et passionnées, minées par la nostalgie et songeant à des projets impossibles, ils ont du mal à trouver leur place dans une société française qui les regarde comme des vestiges anachroniques. Cherchant dans l'amour et dans l'étourdissement des plaisirs un remède à leur mal de vivre, partagés entre la misère et l'opulence, prêts à tous les expédients pour survivre, ils sont la proie de tous les faux donneurs d'espoir et surtout de leurs rêves. Déjà victime de l'Histoire qui l'a condamnée à l'exil et à la ruine, la comtesse Berdaiev va se trouver impliquée dans une affaire de moeurs éclaboussant le milieu politique dans les débuts ténébreux de la V e République. Librement inspiré du scandale des Ballets roses, ce roman renoue avec les thèmes chers à Jean-Marie Rouart : la passion amoureuse confrontée avec la brutalité du pouvoir, face à une société qui se veut toujours moralisatrice.
Pourquoi « mes révoltes » ? Pourquoi, sous l'apparence d'un enfant gâté - du succès, une famille célèbre, l'Académie -, Jean-Marie Rouart a-t-il éprouvé le besoin de remettre si souvent en cause cette reconnaissance sociale, jusqu'à s'exposer au tumulte des contestations et des condamnations judiciaires ?
C'est ce mystère de la destinée qu'il interroge en auscultant le roman de sa vie. Il s'efforce de comprendre les épisodes et les drames qui l'ont confronté à autant d'échecs que de réussites, de bonheurs que de malheurs. Analysant les aléas d'une jeunesse hantée par l'idée de la déchéance, il se penche sur les coïncidences qui l'ont amené, à travers tant de vicissitudes, à se lier avec des hommes d'exception : Jean d'Ormesson, Raymond Aron, Michel Déon, Jacques Vergès ou François Mitterrand. Engagé dans nombre de combats, dont le plus connu demeure la défense d'Omar Raddad, l'auteur ne dissimule rien de ses handicaps et des chances qui l'ont conduit à conjurer le mauvais sort. Se sentant en permanence le jouet de forces obscures, il tire de son expérience le sentiment d'avoir bénéficié d'une forme de miracle. Peut-être ce parcours en dents de scie était-il étrangement écrit dans les étoiles.
Le narrateur anime une revue d'art à la réputation internationale dont il a profité jusqu'à présent pour cumuler les conquêtes amoureuses.
Or voici qu'ayant atteint « l'âge de braise », le feu de la séduction n'est plus aussi fort, les jeunes femmes se détournent et lui renvoient l'image d'un homme sur le déclin. Il ne trouve plus la même énergie pour courir les vernissages. Il tourne en rond, tout l'ennuie, à commencer par son mariage avec Jeanne, une sous-préfète très conventionnelle qui exerce son magistère en province.
Lors d'un voyage à New-York, le narrateur fait la connaissance de Valentina, jeune femme d'origine russe passionnée par l'art, qu'il recroise ensuite à Paris. C'est le coup de foudre. Cette passion naissante le sort de sa torpeur, il retrouve goût à la vie, à la sensualité, au désir de plaire. Les premiers rendez-vous sont torrides, ils portent le parfum de la nouveauté et le narrateur ne voit pas que Valentina est en train de le manipuler.
Pourquoi un écrivain aussi favorisé, issu d'une famille prestigieuse et menant une carrière littéraire brillante, a-t-il pris la défense, dès sa condamnation en 1994, d'un obscur jardinier marocain accusé à tort de meurtre ? C'est cet itinéraire que raconte ce livre.
Jean-Marie Rouart revient en détail sur toutes les zones d'ombre de ce crime énigmatique qui, pour romanesque qu'il soit, est surtout une tragédie : celle d'un homme condamné qui depuis trente ans clame en vain son innocence. Pourquoi la justice met-elle tant de mauvaise volonté à réviser une condamnation injuste de l'avis de tous ? Pourquoi, en dépit de tant de témoignages de soutien et d'indignation en France et à l'étranger, refuse-t-on de lever le doute et les suppositions insupportables autour de cet assassinat ? Y a-t-il une vérité à cacher ?
À partir d'épisodes méconnus, le récit vivant d'une aventure extraordinaire. «Il y a un autre Napoléon. C'est celui qui m'a fasciné. Un homme souvent au bord du gouffre qui s'efforce de déchiffrer l'énigme de sa destinée. Frôlant sans cesse la catastrophe, il semble entraîné dans une course-poursuite où le rêve devient réalité, où l'invraisemblable devient vrai. Ses échecs me parlent plus que ses succès. Ils ponctuent sa vie. Il s'est construit en les surmontant. Sous la surface de la gloire, comme d'une mer souterraine, jaillissent çà et là des accès de désespoir, des crises de doute. C'est cet autre Napoléon, dissimulé derrière la fresque de la grande histoire, que j'ai voulu faire revivre.» Jean-Marie Rouart.
Je ne peux me défendre d'une attraction coupable pour les grands hommes de l'Histoire. J'ai toujours noué avec eux des complicités secrètes. C'est ainsi que sont nés les trois essais biographiques réunis ici : Napoléon ou la Destinée, Bernis, le cardinal des plaisirs, Morny, un voluptueux au pouvoir. Je les ai abordés moins en historien qu'en écrivain qui tente de percer leurs motivations et le mystère de leur destinée.
J'ai adjoint à ces biographies des « Portraits acides » parfois un peu vifs, certains même acerbes, d'hommes politiques contemporains que j'ai été amené à fréquenter. Je raconte ainsi mes promenades archilittéraires et un peu irréelles avec François Mitterrand dans la Nièvre et à Paris ; le roman de mes relations barbelées avec un Giscard d'Estaing vexé par le discours trop peu flatteur avec lequel je le recevais à l'Académie. Je ne ménage pas non plus mes critiques envers François Hollande, « le Machiavel de Tulle », « qui a occupé plus de place qu'il ne laissera de vide ». Je brosse aussi les portraits de quelques grands fauves : Chirac « le Paganini de la palinodie », Sarkozy « l'homme qui en voulait trop », Villepin « l'archange des bas-fonds », Fillon « le sourcilleux », Macron « le président hors-sol » ou Charles Pasqua « le pas blanc-bleu, mais bleu-blanc-rouge ».
Que je les aie aimés, admirés ou jugés néfastes, tous les grands acteurs de notre théâtre politique que j'ai passés au crible m'ont passionné comme autant de personnages de notre roman national si riche et si contradictoire.
J.-M. R.
L'islam n'est-il pas d'une certaine façon le révélateur de nos failles et de la fragilité de notre assise morale et philosophique ? À contre-courant de ceux qui se contentent de s'abriter derrière le laïcisme ou le séparatisme pour faire face à la montée de l'islam, Jean-Marie Rouart s'interroge sur nos propres responsabilités dans cette dérive. Ne sommes-nous pas aveuglés par ce que nous sommes devenus ? Consommateurs compulsifs, drogués par un matérialisme sans frein ni horizon, s'acheminant vers une forme de barbarie moderne, ne mésestimons-nous pas nos carences culturelles et nos faiblesses spirituelles ?
C'est moins l'essor de l'islam que l'auteur stigmatise que l'abandon de notre propre modèle de civilisation. Pour lui le véritable défi à relever n'est pas seulement d'ordre religieux, c'est notre civilisation qui est en cause. Rappelant que notre nation s'est constituée autour d'un État, du Livre, de la littérature et d'une religion porteuse de valeurs universelles, il rappelle l'importance de ces piliers de la civilisation chrétienne pour faire contrepoids à d'autres modèles et préserver notre identité. À ses yeux, ce qu'il appelle la « mystique laïcarde » n'est qu'une illusoire ligne Maginot contre l'islam. L'athéisme, si respectable soit-il, reste impuissant à remplacer la croyance.
C'est le livre d'un « chrétien déchiré » qui a du mal à se reconnaître, comme beaucoup, dans l'Église de l'après-Vatican II. Jean-Marie Rouart refuse de s'avouer vaincu : il s'interroge sur les moyens de conjurer le déclin d'une civilisation d'inspiration chrétienne menacée autant par l'islam que par elle-même.
Comment passer de la pauvreté parmi les pêcheurs de Noirmoutier à la fréquentation des heureux du monde, de l'humiliation des livres refusés à l'Académie française? Quelle est la part de la volonté, du hasard et de la fatalité dans l'accomplissement d'une vie? Dans ce roman autobiographique, Jean-Marie Rouart s'interroge sur le mystère de la destinée et tente d'en comprendre les rouages secrets.
Découvrez La guerre amoureuse, le livre de Jean-Marie Rouart. En mission en Finlande, le narrateur rencontre une ravissante étudiante d'origine russe, aux yeux bleu marine. Elle lui apparaît comme l'image même de la pureté et de l'innocence. Il croit qu'elle lui apportera un bonheur tranquille dont il est frustré. Il ignore qu'elle va l'entraîner en enfer : frénésie sexuelle, perversion sadomasochiste, trahisons, mensonges, cet ange se révèle un démon. Perverse ou simplement perdue, elle est insouciante des blessures qu'elle inflige avec la plus cruelle des douceurs. Le narrateur désemparé, se méprisant lui-même, affronte la tempête. Prisonnier de cet envoûtement, il sait qu'il sera le grand perdant de cette guerre amoureuse. Dans un style au scalpel, Jean-Marie Rouart plonge dans les abîmes de l'amour-damnation. Un roman fiévreux mais aussi, une radiographie de l'éternelle et impitoyable lutte de pouvoir dans le couple.
Une jeunesse sous le signe des contradictions : c'est le roman autobiographique d'un jeune homme pauvre dans une famille riche, allergique à la peinture et vivant au milieu des tableaux de Manet, de Berthe Morisot, de Degas qui forment son cadre quotidien. Malheureux et sombre, errant parmi les souvenirs de ces peintres de la lumière, cultivant une névrose d'échec face à des artistes statufiés par la gloire, il se sent menacé par l'aîle noire de la folie. Cette mélancolie le jette dans les bras des psychanalystes qui voient en lui un gibier de choix. Échec amoureux, social, scolaire, tentation du suicide, Rouart ne nous dissimule rien de ses douloureux secrets.C'est à travers la figure d'un peintre du début du XIX? siècle, Léopold Robert, mélancolique, suicidaire, amoureux d'une princesse Bonaparte qui se moque de lui-, en qui il a reconnu son double, que l'écrivain nous entraîne dans la quête de ses origines.S'interrogeant sur le mystère d'une destinée que tout conduisait au ratage, il brosse une fresque de la grande famille de l'impressionnisme qu'il observe des coulisses et de l'atelier. L'auteur de ce roman vagabond - on passe d'îles en îles, de Venise à Samos, puis à Ibiza - cherche dans le récit de ses aventures les clés perdues de sa vie sentimentale et le chemin du labyrinthe : cet insconscient qui de sa jeunesse déshéritée où il a failli sombrer l'a ramené vers la lumière. Celle de la peinture, celle de l'impressionnisme.
Jean-Marie Rouart appartient à une famille de peintres. Son arrière-grand-père Henri Rouart, polytechnicien, inventeur de moteurs et de machines thermiques, fut élève de Corot et ami de Degas. Son rôle de collectionneur a fait date dans l'histoire de l'impressionnisme. Son autre arrière-grand-père, Henry Lerolle, était également peintre et ami de Degas. Les deux filles d'Henry Lerolle épousèrent les deux fils d'Henri Rouart. Julie Manet, fille de Berthe Morisot et d'Eugène Manet, frère d'Édouard Manet, épousa Ernest Rouart, un autre frère. La cousine de Julie épousa Paul Valéry. Tout le monde peignait et vivait dans la familiarité des plus beaux tableaux de Manet, Renoir, Degas, Corot et bien d'autres.
Jean-Marie Rouart a été élevé dans ce monde de la peinture, prolongé également par son père et par son oncle. Il a évoqué de nombreux souvenirs dans son livre Une jeunesse à l'ombre de la lumière (Gallimard, 2000), sans pouvoir décrire ou montrer ces tableaux qui furent ses compagnons de jeunesse. Ces oeuvres, qui souvent représentent des membres de sa famille, sont dispersées dans des musées aux quatre coins du monde.
Dans cet ouvrage, montrant plus de cent trente peintures et photographies d'époque, Jean- Marie Rouart a essayé de réintégrer ces tableaux dans le décor qui fut si longtemps le leur et qui fut le cadre de sa vie.
En 1935, dans une petite ville du sud des États-Unis, une jeune fille noire a été violée et tuée au cours d'une beuverie par le fils d'un riche notable. Les politiciens, la police, les juges vont tout mettre en oeuvre pour étouffer l'affaire qui risque de compromettre la carrière politique du jeune homme. C'est dans ce contexte de violence sexuelle et de ségrégation raciale que Jim, le héros du livre, devient l'amant d'une jeune Noire, Angela. Leur couple sera la cible de toutes les fureurs et des jalousies qui se déchaînent. Victimes de la réprobation générale, considérés par la société puritaine comme des fauteurs de scandale, porteurs de la malédiction et du péché, Jim et Angela vont être pourchassés. Angela est enfermée dans un bordel et Jim exilé à Boston. Mais rien ne peut arrêter la passion des amants qui contrarient les conventions moralisatrices et racistes de la société sudiste des années trente. On retrouve dans ce roman de Jean-Marie Rouart les thèmes de ses livres et de ses combats, transposés dans la société américaine puritaine des années trente : la passion amoureuse, la justice, la prostitution, l'hypocrisie sociale et le fanatisme moralisateur.
Ils ont choisi la nuit est un livre sur la tentation du suicide et sur le suicide lui-même. Il analyse ce mal qui habite et frappe aussi bien les adolescents que les adultes et les vieilles personnes. Jean-Marie Rouart avoue : le suicide m'a longtemps habité, comme une obsession. Comme une maladie, dont j'ai mis des années à guérir. Et d'évoquer ses frères et soeurs par le suicide enlevé, Romain Gary, Drieu la Rochelle, Jean Seberg, Stefan Zweig, Hemingway, Jack London. Ou encore ceux, qui comme Benjamin Constant, Maupassant et Napoléon, avaient une âme suicidaire.
Livre de littérature, donc. Et livre fort, d'une nouveauté absolue. Et pour une autre raison aussi que cette galerie jamais vue des grands noms. Il se trouve que Jean-Marie Rouart se met à nu, raconte la tentation du suicide en lui, provoquée par son mal de vivre , ses échecs amoureux, sa peur d'écrire.
Un livre bouleversant.
Jeune abbé, protégé de Mme de Pompadour, Bernis traverse le siècle des plaisirs avec l'éclat singulier d'un héros de roman. «Il y a du Julien Sorel et du comte Mosca dans Bernis», dira Roger Vailland. Parcours foudroyant que celui de cet ambitieux couvert de femmes : parti de sa province, il est élu à l'Académie française à vingt-neuf ans. Ambassadeur à Venise où il en remontre à Casanova dans les intrigues amoureuses, le voilà à quarante ans ministre des Affaires étrangères de Louis XV, chargé de mettre en oeuvre le renversement des Alliances qui précipite la France dans la guerre. Ami et rival de Choiseul, au pouvoir, il révèle un autre visage. L'arriviste devient homme d'État. Plutôt que de poursuivre une guerre qu'il désapprouve, il préfère affronter la disgrâce et l'exil. Cette vie de plaisirs, éclairée par la passion de la gloire, est devenue légendaire. Symbole de la séduction et du panache, cardinal atypique, Bernis nous introduit au coeur d'un XVIII? siècle qui jette ses derniers feux.
Femmes fatales ou amoureuses au douloureux secret, ambitieux blessés en proie à leurs rêves, les héros de Jean-Marie Rouart sont emportés dans les bourrasques et les fièvres de l'Histoire. Son oeuvre romanesque unit inextricablement les destins individuels et les passions collectives, les emportements du coeur et l'ambition du pouvoir. Ses personnages, comme ceux d'Aragon ou de Drieu La Rochelle, auxquels on l'a comparé, rêvent autant de guérir leur désespoir amoureux que de maîtriser leur destin.
Dans les cinq romans réunis ici le tumulte des événements et les déchirements du coeur se répondent. Dans Le Cavalier blessé, les drames de l'adultère et de la culpabilité se mêlent aux épisodes de l'épopée napoléonienne. Les personnages d'Avant-guerre (prix Renaudot 1983), jetés dans la tourmente des années quarante, vont connaître toutes les formes de la trahison, celles de l'amitié, de l'amour, de l'idéal. Même échec pour les ambitieux idéalistes des Feux du pouvoir (prix Interallié 1977), broyés dans l'engrenage de luttes fratricides, thème que l'on retrouve en filigrane dans La Blessure de Georges Aslo. Quant aux amants du Scandale, ils sont en butte à l'impitoyable répression de l'Amérique ségrégationniste des années trente.
Le romancier brosse un panorama de héros assoiffés d'absolu et amoureux de l'impossible. Ses personnages baignent dans une atmosphère mélancolique, souffrant de vivre dans un monde trop étroit pour leurs rêves. Observateur sans concession et parfois cruel de la société d'aujourd'hui et de celle d'hier, Rouart en restitue les jeux pervers, les intrigues et les débordements avec acuité et brio dans un style vibrant qu'anime la passion de la vérité.
Ce volume contient : Le Cavalier blessé, Le Scandale, Avant-guerre, Les Feux du pouvoir, La Blessure de Georges Aslo.
Dans ce récit sans fard, Jean-Marie Rouart baisse le masque. Il confesse ses erreurs. Il en cherche la cause. Pourquoi tant de volonté d'aimer, tant d'espoir que l'amour change la vie aboutissent-ils à un sentiment d'échec ? L'amour, trompe-l'oeil de l'élan vital, n'est-il donc qu'une expérience de la désillusion ? L'auteur, toujours en quête du bonheur, trouve dans un repentir nostalgique l'explication de ce qui lui a fait défaut, à lui et peut-être aussi à nous : nous ne savons pas aimer.Au fil d'une éducation sentimentale au sens large, il nous livre également sa fascination pour le pouvoir et ses figures majeures. La grande ombre de Napoléon enveloppe le livre, comme critère absolu de l'action. On croise Mitterrand, perdu sous la neige à Château-Chinon. Le narrateur cherche à séduire Giscard et raconte ses rencontres avec d'autres héros de la vie réelle, Hersant, Romain Gary, Jean d'Ormesson.Quel sens a l'amour dans notre vie ? De quel monde mystérieux est-il l'obscur et lumineux messager ? Pourquoi répétons-nous toujours les mêmes erreurs, les mêmes gâchis ? À travers les femmes qu'il a aimées, Rouart cherche les clés de cette énigme douloureuse qui le renvoie à ses premières émotions amoureuses. Car le lit est aussi une chambre d'échos, le lieu de l'expérience du coeur et des corps où résonnent les rencontres d'un soir avec des femmes adultères, des femmes en perdition comme la Rousse du Rosebud. Amours volages toujours trahies, par soi, par les autres, par le temps.
Qui n'a pas exorcisé son passé est condamné à le revivre. L'amour est la grande affaire de ces hommes et de ces femmes, la drogue qu'ils cherchent pour calmer leurs angoisses. Entre Paris, Londres et Venise, les personnages sont saisis à un moment crucial de leur vie : une semaine, riche en événements, au cours de laquelle vont resurgir les drames oubliés.Hantés par la pureté, les héros de cette chronique cruelle doivent admettre leur impuissance à aimer et leur incapacité au bonheur : le sexe est devenu leur seul recours à la difficulté de vivre. Mais, loin de les distraire, il les renvoie aux questions brûlantes et laissées sans réponse de leur passé.
« Rarement la vie politique sous la Ve République a semblé à ce point sinistrée, ravagée par un mal secret », constate Jean-Marie Rouart au regard d'une campagne présidentielle hors normes. Dans ce journal politique tenu au cours des dix dernières années, sous les mandats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, l'écrivain fournit autant de clés permettant de décrypter une dramaturgie dont les héros semblent frappés d'une étrange malédiction. Il dépeint avec maestria la vie politique pour ce qu'elle est avant tout à ses yeux : un terrain d'expériences romanesques où se jouent les destins. Ce qui passionne l'auteur dans la geste politique et dans les portraits qu'il brosse, c'est tout ce qui les relie à la vie où nous trouvons reproduites nos propres passions, ambitions, et blessures.
Jean-Marie Rouart montre ici le lien direct entre la politique et l'histoire qui sous-tend à chaque instant notre roman national. D'où l'éclairage saisissant que son livre apporte sur ce psychodrame typiquement français. Un mystère qui fait de notre pays, avec ses contradictions, ses diverses guerres de clans, un terrain d'étude et d'observation plus que jamais fascinant. Sa richesse, l'aura culturelle que la France garde dans le monde, mais aussi sa tendance masochiste à l'autodestruction, viennent aussi de cet extraordinaire paradoxe. Le passé comme l'actualité continuent de nous en offrir des exemples imprévisibles et parfois déroutants.
Quelle est la blessure de Georges Aslo, cet homme mystérieux et secret, que l'on voit accéder, à trente-cinq ans, à de hautes fonctions politiques ? Depuis l'époque où ils étudiaient ensemble le siamois à l'école des Langues orientales, le narrateur suit Georges Aslo tout au long de sa fulgurante carrière. Il le suit selon le rythme d'une amitié à éclipses qui, tantôt lui fait côtoyer Georges Aslo dans les couloirs de l'Assemblée nationale - où ils se retrouvent tous deux journalistes parlementaires - et dans certains salons très parisiens, tantôt lui fait de plus loin, reconstituer son ascension au sein d'un grand quotidien et l'histoire de son brillant mariage. La narrateur peu à peu découvre les ambiguïtés et les faiblesses de cet homme qui le fascine. Mais est-ce bien le hasard qui le fait rencontrer et s'attacher aux femmes que Georges Aslo a aimées avant lui ? Roman d'« apprentissage », tableau de moeurs, chronique de la vie d'un Rastignac d'aujourd'hui, la Blessure de Georges Aslo est tout cela à la fois, et surtout l'itinéraire d'un « jeune loup » qui connaît la passion de l'ambition.