Heros Limite
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Le chemin étroit vers les contrées du Nord
Matsuo Bashô
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 14 Juin 2024
- 9782889551033
Selon Nicolas Bouvier, il y a des pays de poésie. Comme l'Iran qu'il décrit dans L'usage du monde et qu'il traverse en compagnie de Thierry Vernet en 1953-1954, ou encore le Japon où il réside une première fois entre octobre 1955 et octobre 1956. C'est précisément lors de ce séjour qu'il vient à la poésie. Une poésie, selon ses propres mots, « très visuelle, très laconique, très courte ».
Vingt années s'écoulent entre la rencontre avec la poésie de Matsuo Bashô, dans ce « Premier Japon » du printemps 1956, et le travail de traduction de l'oeuvre maîtresse du poète. A quarante-six ans, fort de presque quatre années passées dans le monde japonais, Nicolas Bouvier vient de publier à l'Age d'Homme Chronique japonaise, un ensemble de textes revu et augmenté paru huit ans auparavant aux Éditions Rencontre sous le titre de Japon.
Lorsque s'échafaude le projet de publier le Oku no hosomichi de Bashô, dont la version anglaise de Dorothy Britton vient de sortir à Tokyo, les conditions apparaissent comme réunies. A l'automne 1976, le Voyage poétique à travers le Japon d'autrefois paraît. Y trouvent place une sélection de haïku, le récit La Route étroite vers les Districts du Nord, ainsi que des photographies de Dennis Stock. Dans ses « Réflexions sur l'espace et l'écriture », Nicolas Bouvier reprend sensiblement ce titre pour lui donner sa forme finale, adoptée ici : Le Chemin étroit vers les contrées du Nord.
Tiré de la préface d'Alexandre Chollier
Le Chemin étroit vers les contrées du Nord a paru initialement aux éditions de l'Office du livre en 1976. Publié en 2006 en grand format aux éditions Héros-Limite, il est réédité dans la collection poche, Feuilles d'herbe. -
A l'image des bestiaires du Moyen Âge, les animaux de Jean Giono peuvent être réels, mais sont le plus souvent fantasques ou imaginaires. Affabulateur de génie, l'auteur nous fait découvrir les caractéristiques du « grain de tabac » de la «bête du Gévaudan», du « cheval de paille», de l'«émeraude», du «minus», ou encore du « verrat-maquereau».
Parfois ces bêtes, microscopiques ou monstrueuses, surgissent de situations extravagantes d'une grande drôlerie où le narrateur se met en scène. Mais la plupart des textes sont de simples descriptions de l'animal où, avec bonhomie et précision, on parle de sa nature et de ses moeurs. Le ton de Giono est pincesans-rire et se joue allègrement du discours académique.
Les 19 textes qui composent l'ouvrage sont rédigés entre 1956 et 1965, comme des divertissements alors que Giono travaille à de grands romans. Il s'amusera à les compléter par des séries de citations (la plupart inventées de toutes pièces) sous le titre de marginalia. Des citations d'autant plus incongrues qu'elles n'ont finalement aucun rapport avec l'animal décrit. Comme Borges dans Fictions, Giono est un raconteur d'histoires, celui qui aime si bien brouiller les pistes et perdre le lecteur dans le vertige du paradoxe. -
Croyons à l'aube de la saison froide
Forough Farrokhzad
- Héros-Limite
- Feuilles D'herbe
- 21 Avril 2023
- 9782889550821
Quel que soit leur âge, il n'est pas rare que des Iranien.ne.s connaissent par coeur des vers de Forough Farrokhzâd. Sa poésie, émaillée d'allusions à sa vie amoureuse mouvementée, à ses aventures ouvertement vécues, échappe heureusement à la mise en scène complaisante du scandale à laquelle aimaient la rabaisser certains de ses contemporains.
Croyons à l'aube de la saison froide est le dernier recueil de Forough Farrokhzâd. Publié de manière posthume en 1974, après la mort accidentelle de la poète iranienne en 1967, ce recueil inachevé commence par un long poème qui lui donne son titre. Il met en scène « une femme seule », hantée par son passé, regardant devant elle cette autre saison de sa vie qui s'annonce. Elle évoque ce réel qui toujours lui échappe, ces relations courtoises et distantes qui ne font que souligner sa solitude. Le « seul et unique ami », déjà au coeur de son précédent recueil, reste une figure ambivalente, tantôt source de joie et d'espoir pour celle qui l'appelle, tantôt cet adversaire qui la retient « au fond d'un océan ». Les souvenirs d'enfance, chargés de désirs et ponctués parfois de gifles, sont aussi présents dans ces poèmes. Ils sont aussi l'occasion pour Forough Farrokhzâd de se moquer de ses parents, de ses frères et soeurs, de leur comportement égocentrique, autoritaire ou nihiliste, se sentant étrangère à ce qui les préoccupe. Elle préfère contempler ce jardin à la beauté fragile, qui hélas se meurt, tout comme se meurt ce « lien vivant et lumineux / entre nous et l'oiseau ». La poète lutte pour demeurer « l'intime du soleil », contemplant la lignée sanglante de fleurs à qui elle doit la vie, tiraillée sans cesse par des émotions contradictoires. Cette tension est devenue ici plus douloureuse que celle qui traverse déjà son précédent recueil Une autre naissance (1964) paru aux éditions Héros-Limite en 2021. -
Pour se connaître il faut d'abord connaître la nature. Libre nature, recueil de textes écrits entre 1857 et 1905 par Elisée Reclus, rappelle ce fait fondamental d'appartenance organique : l'être humain n'est ni au-dessus, ni à-part, de la nature. Il en fait partie - avec juste un surcroît de conscience.
Dans ces courts textes (des essais, mais aussi des correspondances et des observations de ses nombreux voyages), le géographe libertaire et précurseur de l'écologie politique, y aborde les thématiques de l'être humain en lien avec son milieu naturel. Avec quelques questions très actuelles comme le végétarisme, la religion et la morale, l'habitat ou la vie animale. Opposé autant aux dominations qu'aux soumissions aux lois naturelles, Reclus nous parle de reconnaissance et d'inclusion, de droits comme de devoirs : « Le vaste monde nous appartient, et nous appartenons au monde. » La nature devient, à travers les yeux du géographes, un monde en soi. Un vis-à-vis essentiel pour enrichir notre pensée. -
En 1912, la poétesse russe Anna Akhmatova, 23 ans voit paraître Le soir, son premier cycle de poèmes. Constituant l'une des oeuvres fondatrices du mouvement littéraire acméiste, le recueil est composé de brefs tableaux précis où l'état d'âme n'est souvent que suggéré. Les objets concrets y jouent un rôle essentiel?; ils deviennent les vecteurs des sentiments et des idées.
L'esthétique acméiste s'oppose radicalement au lyrisme musical des symbolistes qui dominent alors la poésie russe. Les acméistes revendiquent l'utilisation d'un langage simple et concret, censé porter à son apogée la dimension poétique du quotidien. Le soir d'Akhmatova frappe justement par l'absence de tout arrière-plan mystique.
La présente traduction se réfère à l'édition soviétique de 1976, à la fois par l'ordre des poèmes et l'établissement du texte. Six poèmes n'ont pas été retenus, que ne pouvait rendre la transposition en français. -
Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix
Jean Giono
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 15 Mai 2013
- 9782940517046
La Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix est écrite durant l'été 1938, entre le début juillet et la mi-août. Jean Giono la rédige dans une atmosphère de bouleversement. En pacifiste convaincu il sait que depuis l'Anschluss les Français se préparent de plus en plus à la guerre et sont prêts à la faire. Son intention n'en est que renforcée?: «?Continuer à combattre, écrit-il le 16 mars dans son journal, contre le militarisme et forcément commencer par lutter contre celui de ma patrie.?» Or abattre la guerre, c'est abattre l'État, quel qu'il soit.
Cet éloge de la pauvreté et de la paix nous force à nous retourner sur la figure du paysan, mais aussi à questionner une société occidentale se donnant en modèle et refusant de fait toute contestation.
Recevoir cette lettre et la lire c'est un peu devenir paysan soi-même, c'est regagner le droit d'être libre et autonome.
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Du coin de l'oeil ; écrits sur la photographie
Nicolas Bouvier
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 18 Octobre 2019
- 9782889550227
Le présent recueil réunit les textes que Nicolas Bouvier a écrit sur la photographie entre 1965 et 1996. A de nombreuses occasions, l'auteur genevois avait parlé de son métier d'iconographe, notamment dans le petit livre Le hibou et la baleine, paru en 1993, mais sa réflexion sur l'acte photographique restait à découvrir. Jusqu'à ce jour, les écrits qu'il a dédié à ce sujet (préfaces, articles de presse, introductions à des catalogues d'exposition) restaient dispersés. Près de quarante textes se trouvent ainsi rassemblés ici. Parmis eux, certains relatent également son activité de « chercheur-traqueur d'images », qui aura été son gagne pain durant près de trente ans. Il nous a paru intéressant de les reprendre ici, d'autant plus que quelques-uns de ces textes sont totalement inconnus et n'ont jamais été republiés.
Photographe à ses débuts (par nécessité), portraitiste (par accident), chroniqueur (« aliboron ») : la photographie est une constante dans le parcours de l'écrivain voyageur. Nicolas Bouvier s'intéresse à la photographie parce qu'il entretient un rapport passionnel à l'histoire de l'estampe. Les images qu'il affectionne n'appartiennent jamais à la « grande » peinture classique mais toujours à l'art populaire. Dans les textes qui composent ce recueil, il est beaucoup question de ses tâtonnements : l'important pour l'écrivain étant d'élaborer une esthétique de l'effacement puis de se « forger une mémoire iconographique ». Il tirera son enseignement de ses nombreux voyages et des recherches infatigables dans les bibliothèques du monde entier.
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Job ; roman d'un homme simple
Joseph Roth
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 9 Novembre 2018
- 9782889550005
En observateur subtil de la culture judéo-allemande de son époque, Joseph Roth dépeint le destin d'une famille juive en Europe de l'Est, que les événements forcent à émigrer en Amérique. Mendel Singer, un pauvre maître d'école, « pieux, craignant Dieu et ordinaire » - personnage on ne peut plus dépourvu de singularité - se voit contraint de quitter sa Galicie orientale à la recherche d'un avenir un peu plus serein pour lui et les siens. S'il souhaite avant tout sauver sa fille Mirjam de la damnation - elle qu'il surprend avec des Cosaques-, s'il veut retrouver son fils Schemarjah - lui qui a déjà fui vers le Nouveau Monde, où il se fait appeler Sam -, ses misères personnelles sont avant tout le reflet d'un monde ébranlé par l'instabilité politique et l'antisémitisme croissant.
Roman d'exil qui tend au tragique (c'est la destinée de tout un peuple qui se lit en filigrane du drame familial et personnel de Mendel Singer), Job, roman d'un homme simple est écrit dans un style simple mais puissant. S'il emprunte parfois au Livre de Job dont il s'inspire, c'est pour renforcer son caractère exemplaire, c'est pour accentuer les souffrances d'un personnage qui en vient peu à peu à douter de son Dieu... Et pour confirmer le talent littéraire hors-pair de Joseph Roth.
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Comprendre une photographie
John Berger
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 19 Septembre 2017
- 9782940517725
Originaux et provocants, les écrits de John Berger sur la photographie font partie des textes les plus révolutionnaires du 20e siècle. Ils analysent les oeuvres de photographes tels qu'Henri Cartier-Bresson et Eugene Smith avec un mélange d'intensité et de tendresse, tandis qu'ils sont toujours portés par une implication politique réelle. À leur manière, chacun des ces essais tente de répondre à la question suivante : comment regardons-nous le monde qui nous entoure ?
Regroupant des textes issus de catalogues d'artistes, expositions, articles, etc., Comprendre une photographie est un voyage à travers les oeuvres de photographes divers, d' André Kertész à Jitka Hanzlová, en passant par Marc Trivier, Jean Mohr ou Martine Franck. Certains des articles regroupés ici ont déjà fait partie de choix de textes de John Berger publiés notamment aux éditions de L'Arche, Champ- Vallon ou Le Temps des Cerises, tandis que d'autres sont traduits en français pour la première fois. La présente sélection reprend l'édition anglaise intitulée Understanding a Photograph, établie par Geoff Dyer et publiée en 2013 chez Penguin Books.
« La photographie, pour ces quatre auteurs [ Roland Barthes, Walter Benjamin, John Berger et Susan Sontag ], a un intérêt particulier, mais ce n'est pas une spécialité.
Ils approchent la photo non avec l'autorité de curateurs ou d'historiens du médium mais comme essayistes, comme écrivains. Leurs textes sur le sujet ne sont pas tant les produits d'un savoir accumulé que la consignation active du mode ou processus d'acquisition et de compréhension d'un savoir. » Geoff Dyer, extrait de l'introduction à Comprendre une photographie
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Écrit à tout juste 18 ans, La Ravine est un roman remarquable où la terre tient un rôle aussi important que les hommes qui la travaillent avec acharnement.
La nature est sauvage, dense, les coutumes à tel point établies qu'elles imprègent les vies de chacun - parfois de façon douloureuse. Dans cette atmosphère paysanne d'isbas et de forêts de bouleaux, des amitiés et des amours se nouent, des rencontres se font, des vies se brisent. La boisson coule et l'entraide est toujours présente.
Les phrases, courtes, descriptives, confèrent à ce texte une force poétique intense.
Publié en 1916 dans une revue de Petrograd, La Ravine a été traduit en français pour la première fois en 2008. Publié cette année-là par les éditions Harpo &, le livre est aujourd'hui épuisé.
Depuis toujours, les éditions Héros-Limite portent une attention particulière aux oeuvres russes, proposant des traductions et rééditions de livres importants tels que ceux de Friedrich Gorenstein, Daniil Harms ou Panteleïmon Romanov. La réédition du seul roman d'Essénine trouve ainsi naturellement sa place dans notre collection petit format feuilles d'herbe.
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Atemnot (Souffle court) est un recueil composé de vers brefs et incisifs, écrits en français et en allemand.
Chaque poème se tient au seuil de l'autre langue. La langue est à la fois limite et lieu de réinvention. Comme à travers un miroir vacillant, les poèmes en montrent l'instabilité. Un corps se heurte à d'autres corps. Le corps traverse des langues et des territoires. Chaque langue est étrangère. Une voix tente de lier. Alors que l'air manque, violence intime et fracas extérieur se font écho. Les poèmes marquent la quête d'un territoire respirable. Comme un souffle tenu, un mince filet d'air sinuant entre les langues. -
Les animaux ont d'abord pénétré l'imagination humaine en tant que messagers porteurs de promesses.
La domestication du bétail, par exemple, n'a pas été motivée par le simple besoin de lait et de viande. Le bétail possédait des fonctions magiques, tantôt divinatoires, tantôt sacrificielles. A l'origine, on décidait qu'une espèce donnée serait à la fois magique, apprivoisable et alimentaire, en fonction de ses habitudes, de sa proximité et de l'intensité avec laquelle elle y " invitait ".
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La joie d'apprendre
Elisée Reclus, Pierre Kropotkine
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 21 Août 2018
- 9782940517749
Sans être un éducateur proprement dit, Élisée Reclus peut-être considéré comme une figure-clé de l'éducation libertaire et de la création d'écoles « libérées » et d'universités populaires entre le 19e et le 20e siècles. Son intérêt pour l'éducation traverse toute son oeuvre, et si les textes explicitement dédiés à cette question sont assez rares, sa langue même en fait un passeur de savoir formidable. Très largement diffusés, ses écrits vont littéralement ouvrir toutes les portes. Pour Reclus, le savoir permet non seulement de se construire, mais aussi de s'appartenir.
C'est selon lui à travers l'étude et l'observation de notre milieu que les contours de notre existence et de notre condition terrestres apparaissent le plus distinctement.
La personne humaine ne peut se connaître hors de son appartenance à la nature. Plutôt que d'opposer culture et nature, il choisit volontairement de les penser ensemble. « L'homme, écrira-t-il en tête de son dernier ouvrage, est la nature prenant conscience d'elle-même ».
Cet intérêt est largement partagé dans son cercle d'amis. Pierre Kropotkine et Charles Perron proposent eux aussi une éducation géographique en actes, une approche directe et complète du monde entièrement dédiée à la découverte d'un lieu non borné.
A l'heure où les repères proprement géographiques se brouillent, les écrits d'Élisée Reclus et de ses collaborateurs réunis dans La joie d'apprendre rappellent avec une insistance bienvenue que tout commence ici, autour de nous, dans cet espace de connivence entre lieu et monde, entre expérience et savoir. Sachant que savoir c'est enseigner, et qu'enseigner c'est rendre ce qui nous a été donné.
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Une question lancinante traverse les écrits de John Berger : que voyons-nous du monde qui nous entoure, et comment pouvons-nous en rendre compte ?
Poète, essayiste et critique d'art bien connu, John Berger s'est toujours gardé de se laisser enfermer dans des catégories. L'auteur se place en dehors des jeux de conventions et ses écrits sur l'art moderne lui valurent la méfiance des milieux académiques. Tout au long de sa carrière d'écrivain, il développera une pensée très personnelle en dehors de tout discours établi. Au coeur de sa vision réside l'importance de considérer l'art comme une composante inhérente du quotidien de tout un chacun.
Dans Fidèle au rendez-vous, l'écrivain interroge le monde visible et lui demande de révéler ses secrets. L'ouvrage, qui réunit vingt essais publiés en 1991, est l'occasion pour Berger de creuser sa réflexion sur la manière dont l'être humain appréhende et interprète ce qu'il voit. Le point de départ de chaque essai est une rencontre, à la fois intime et révélatrice. Au fil des chapitres, l'auteur se retrouve face aux peintures de Velásquez, de Goya, de Renoir, mais interroge également celles de Pollock, les sculptures d'Henry Moore ou encore l'extraordinaire palais du facteur Cheval. Toujours attentif à placer les oeuvres et les artistes dans leur contexte, l'essayiste aborde à travers ces confrontations des questions aussi complexes que la montée et la chute des idéologies capitalistes et communistes, la sexualité, l'environnement et l'évolution, ou encore la nature du temps. Les textes interpellent, bousculent, questionnent. Ils nous encouragent à porter une attention accrue non seulement à ce qui nous entoure, mais également à la manière dont nous percevons les multiples rendez-vous - intimes, artistiques, imprévus - qui rythment nos vies. Une nouvelle façon, l'espère Berger, de nous faire réaliser la potentialité de chaque instant, et celle qui réside au fond de nous.
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Par un concours de circonstances, Adrian Rookwhistle hérite d'une éléphante nommée Rosy. Embarrassante affaire... car le jeune homme devra s'occuper de l'imposant animal. Rosy a très bon caractère, mais un réel penchant pour les boissons fortes. Parcourant la campagne anglaise, l'éléphante est soûle en permanence et occasionne de nombreux désastres. Rosy et Adrian seront entraînés dans des aventures rocambolesques. De frasques en frasques, cette déroutante épopée se terminera par un procès retentissant...
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A l'heure où le pouvoir de la cartographie paraît sans limite, où, par la force et la vitesse de calcul, les artifices et les conventions qui l'ont rendue possible s'estompent de plus en plus et deviennent de plus en plus difficiles à discerner, son ambivalence doit être plus que jamais soulignée. A la fois remède et poison, la carte peut en effet figurer comme défigurer le monde, nous mettre en rela-tion comme faire écran. A la réflexion, le cartographe n'est pas tant celui qui dessine la carte que celui qui va conserver en lui, coûte que coûte, la capacité d'être questionné par ce qu'il est en train de réaliser ou d'utiliser. Dans l'esprit d'Élisée Reclus (1830-1905) ce questionnement s'inscrit dans la volonté de nous en tenir toujours à la vérité géographique, quand bien même « toutes les représentations et tous les symboles de la vie sont sans grand rapport avec la vie elle-même », quand bien même « nos ouvrages sont dérisoires en regard de la nature ». Il sait que c'est un cas de conscience pour les géographes et les cartographes de toujours montrer la surface terrestre telle qu'ils la savent être et non telle que l'on voudrait qu'elle paraisse. Conscience cartographique donc, marquant le chemin à parcourir jusqu'à la « cartographie vraie », ainsi que la distance nous en séparant encore. Écrits cartographiques rassemble les écrits cartographiques majeurs, pour une part inédits, d'Élisée Reclus et de ses proches collaborateurs, Paul Reclus, Charles Perron et Franz Schrader.
Aujourd'hui, plus que jamais, nous avons besoin d'une cartographie capable de donner à sentir et percevoir l'unité terrestre, en son tout et en ses parties. Les objets (globes, cartes, reliefs) conçus et imaginés par Reclus et ses proches l'ont été dans ce but. Ils demeurent à construire.
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Le recueil Les Alpes nous projette à la suite du géographe et de ses amis en plein coeur de l'Europe, dans ce que Reclus considérait comme sa colonne vertébrale.
Un espace pétrit d'échanges, appelant les liens, nourrissant le mouvement ;
Dans les faits faisant de la montagne et de ses alentours un monde ouvert. Si par ailleurs la « frontière » demeure, elle permet à de nouvelles formes de liberté et d'autonomie d'exister.
Élisée Reclus entretint tout au long de sa vie un rapport intime avec les grandes Alpes, que ce soit lors de ses nombreuses excursions, préalable indispensable pour l'écriture de guides de voyage touristiques Joanne, ou lors de son long exil en Suisse. Il disait qu'une existence est incomplète, lorsqu'il lui manque la joie d'un voyage dans Les Alpes.
Qui aime vraiment un lieu, un espace, sait qu'il s'agit d'en conserver et d'en augmenter la beauté. Élisée Reclus décrit le monde alpin avec force et conviction.
Pour nous accompagner dans cette découverte sensible, deux proches de Reclus : l'anarchiste James Guillaume (1844-1916) et le cartographe Charles Perron (1837-1909).
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Un monde à part ; cartes et territoires
Kenneth White
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 9 Février 2018
- 9782940517794
Un monde à part se pense comme une traversée, à la fois de territoires et d'époques, un cheminement à travers la notion de « géopoétique » dont KennethWhite est l'instigateur. Fidèles au désir de « nomadisme intellectuel » qui porte l'auteur depuis ses débuts, les textes rassemblés dans ce recueil sont le reflet de son immense curiosité (littérature, géogaphie, cartographie, histoire ou encore philosophie) et de ses connaissances multiples. Parsemés d'éléments bio-graphiques qui dessinent aussi un portrait en creux de leur auteur, ils sont comme autant de pérégrinations géographiques et intellectuelles qui emmènent le lecteur d'une « éloge de la cartographie » à une « une cartographie psycho-historico-culturelle-intellectuelle de l'Écosse » en passant par des «investigations et expériences sur les chemins du monde » (la côte balte, la mer Noire, les rives du Gange...). Autant de façons de faire du territoire le personnage central de ce « monde à part », qui n'est autre que le monde dans lequel nous évoluons. Kenneth White le donne à lire par le prisme de savoirs variés, et d'un contact « direct », curieux et explorateur. Il crée ainsi un territoire de pensée qui lui est propre, et qui dessine une approche résolument singulière du monde.
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Rythmes I & II, Poèmes sont les trois premiers recueils de poèmes de Charles Reznikoff. Tout d'abord publiés et imprimés à compte d'auteur, ils furent réunis en un seul volume en 1920 à New York et constituent le premier ouvrage du poète à être sorti chez un éditeur.
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Les poèmes réunis sous le titre de « Résistance » ont été écrits en 1933 à Orenbourg dans l'Oural, où Victor Serge, dissident russe, se trouvait en exil. Témoignant des conflits politiques et culturels de la première moitié du 20e siècle, ces textes sont un éloge à ses proches amis et camarades, et rendent compte de la vie des exilés dans les steppes. Ils se font la voix des sans-voix, des humiliés, des offensés, des hérétiques et appellent à la résistance permanente ainsi qu'au refus de l'oubli.
Initialement parus en 1938 dans la revue Les Humbles, les poèmes de Victor Serge ont été publiés par les éditions François Maspero, dans la collection « voix », sous le titre Pour un brasier dans le désert. En 1998, les éditions Plein Chant publient une nouvelle fois ces poèmes dans la collection « Type-Type ».
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Écrits sociaux rassemble les écrits qu'Élisée Reclus a consacrés à l'anarchie entre 1851 et 1904. Ils paraissent en français pour la première fois, remplissant un vide étonnant. Cette anthologie a été constituée par un jeune anarchiste italien, émigré en Argentine dans les années 1920 : Severino Di Giovanni. Di Giovanni est un passionné de Reclus, il a en tête en ce début janvier 1930 de fêter le centenaire de la naissance du géographe-anarchiste en publiant ses oeuvres complètes. Nul ouvrage posthume d'Élisée Reclus n'avait jusqu'alors - et depuis - réuni ses écrits anarchistes.
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Dans Autour du cairn, Alexandre Chollier multiplie les points de vue. Il mêle analyse et références anthropologiques, philosophiques et sociologiques et propose un large éventail de références issues de ses recherches. Rythmé par les dessins de Marc De Bernardis - un ami peintre amoureux de montagne à l'origine de son intérêt pour le cairn, Autour du cairn convoque des lieux, des récits et des voix de poètes, d'anthropologues, de philosophes - pour faire entendre la « parole des pierres ». Édouard Glissant, Jean Giono, Maurice Chappaz ou Roger Caillois sont invités à nourrir cette réflexion. Mais aussi Nicolas Bouvier, qui écrivait : « Je ne pars jamais des mots pour aller aux choses, toujours l'inverse. » Si la figure du cairn se fait à l'occasion silhouette, ses noms ne manquent pas d'indiquer l'essentiel et de dessiner un monde où l'humain et le non-humain deviennent solidaires l'un de l'autre. Des noms dès lors à la présence vive :
Galgal, clapier, montjoie, monticule, murger, tumulus, castelet, champignon, garof, segnavia, ometto, uomo di sasso, mound, Steinmann, Steinberg, Steinpyramide, Wegweiser, radjma, kerkour, kalacha, nishan, chaps, chorten, stûpa, laptse, obo, apacheta, innunguaq, inuksuk...
Dans le cairn rien n'est isolé, ni mot, ni chose, ni être, ni lieu. Indicateur d'une géographie concrète, le cairn dit le monde tel qu'il est.
Dans l'Himalaya, les Alpes et en Laponie, sur les sentiers des anciens pays celtes et chez les Indiens d'Amérique, il indique une frontière, borne le chemin, marque le passage d'un col, une tombe ou un lieu de chasse. Les passants - bergers, nomades, randonneurs ou voyageurs - y ajoutent une pierre, prenant le risque de l'écroulement ; oeuvre collective en constante transformation, le cairn résiste au passage du temps justement parce qu'il est fragile, toujours changeant et reconstruit.
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Moment d'angoisse chez les riches ; chroniques allemandes
Kurt Tucholsky
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 19 Septembre 2012
- 9782940358878
«Ce que c'est, je n'en sais rien... mais je sens confusément que quelque chose approche à pas feutrés, qui menace de tous nous anéantir. Nous, c'est notre vie ancienne, ce sont les îles verdoyantes que, malgré tout, nous avions réussi à édifier au milieu du courant de ce ridicule tapage - nous, c'est notre vieux monde auquel, malgré tout, nous tenions tant. Où allons-nous ? [...] Que savons-nous du temps ? Nous sommes à ses pieds comme le voyageur au pied de la falaise rouge, beaucoup trop près pour en voir la structure, et encore moins la beauté. Que savons-nous de notre temps ? Nous sommes ses instruments, et je crois que le meilleur d'entre eux est encore celui qui ne cherche pas à lui faire obstacle.»
Ces Chroniques allemandes sont le regard d'un Allemand, qui a choisi l'exil en France avant même l'arrivée des nazis au pouvoir, sur tout ce qui fait la vie de l'Europe de 1914 à 1935 : la guerre, l'armée, la justice, l'art, le théâtre, la littérature, les gens et les paysages. Regard d'un Allemand sur la France, d'un Français d'adoption sur l'Allemagne, d'un Juif sur l'Europe en folie. Regard féroce, plein d'humour, de colère, de tendresse, de raison et de prophétie. Trait vif, langue mordante, tableaux et poèmes, petit théâtre de personnages familiers et grotesques, bataille courageuse au jour le jour... Le combat et les déchirements d'un intellectuel tenté par le communisme, déçu par la social-démocratie, qui voit venir l'apocalypse, et se sent de plus en plus seul loin d'une Allemagne qui se perd - jusqu'au jour de décembre 1935, où, en Suède, il se donne la mort. -
«Les Pyrénées c'était quelque chose comme une bande rousse sur la carte, verte et noire par ailleurs, sur laquelle apparaissaient quelques taches: les montagnes. A droite et à gauche la carte virait au bleu, c'était la mer. Oui, les Pyrénées séparaient l'Espagne de la France. Avec ça, il fallait chaque fois réfléchir un brin avant d'écrire leur nom.»
Publié en 1930, ce récit, traversée géographique, sociale et humaine de la région des Pyrénées, s'organise moins comme un journal classique que comme une série de tableaux ou de portraits, dans lesquels sont décrits les événements auxquels assiste ou participe Tucholsky. Accueilli par des habitants dépassant l'hostilité nationaliste franco-germanique, il y découvre ses traditions et ses voix multiples, mais aussi son histoire: du Cirque de Gavarnie, aujourd'hui encore un haut-lieu du tourisme pyrénéen, à la ville de Lourdes, en passant par les villes de Cauterets, la station thermale d'Eaux-bonnes, la Corrida à Bayonne, les Basques de Saint-Jean-Pied-de-Port... Tout est observé et décrit par l'auteur avec une minutie et une justesse rares, qui se ponctuent par ce ce que Jean Bréjoux nomme une «déclaration d'amour à la France». Un accueil et un abri essentiels alors que son pays natal, l'Allemagne, devenait, pour lui et sa pensée, invivable.