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Le chemin étroit vers les contrées du Nord
Matsuo Bashô
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 14 Juin 2024
- 9782889551033
Selon Nicolas Bouvier, il y a des pays de poésie. Comme l'Iran qu'il décrit dans L'usage du monde et qu'il traverse en compagnie de Thierry Vernet en 1953-1954, ou encore le Japon où il réside une première fois entre octobre 1955 et octobre 1956. C'est précisément lors de ce séjour qu'il vient à la poésie. Une poésie, selon ses propres mots, « très visuelle, très laconique, très courte ».
Vingt années s'écoulent entre la rencontre avec la poésie de Matsuo Bashô, dans ce « Premier Japon » du printemps 1956, et le travail de traduction de l'oeuvre maîtresse du poète. A quarante-six ans, fort de presque quatre années passées dans le monde japonais, Nicolas Bouvier vient de publier à l'Age d'Homme Chronique japonaise, un ensemble de textes revu et augmenté paru huit ans auparavant aux Éditions Rencontre sous le titre de Japon.
Lorsque s'échafaude le projet de publier le Oku no hosomichi de Bashô, dont la version anglaise de Dorothy Britton vient de sortir à Tokyo, les conditions apparaissent comme réunies. A l'automne 1976, le Voyage poétique à travers le Japon d'autrefois paraît. Y trouvent place une sélection de haïku, le récit La Route étroite vers les Districts du Nord, ainsi que des photographies de Dennis Stock. Dans ses « Réflexions sur l'espace et l'écriture », Nicolas Bouvier reprend sensiblement ce titre pour lui donner sa forme finale, adoptée ici : Le Chemin étroit vers les contrées du Nord.
Tiré de la préface d'Alexandre Chollier
Le Chemin étroit vers les contrées du Nord a paru initialement aux éditions de l'Office du livre en 1976. Publié en 2006 en grand format aux éditions Héros-Limite, il est réédité dans la collection poche, Feuilles d'herbe. -
Croyons à l'aube de la saison froide
Forough Farrokhzad
- Héros-Limite
- Feuilles D'herbe
- 21 Avril 2023
- 9782889550821
Quel que soit leur âge, il n'est pas rare que des Iranien.ne.s connaissent par coeur des vers de Forough Farrokhzâd. Sa poésie, émaillée d'allusions à sa vie amoureuse mouvementée, à ses aventures ouvertement vécues, échappe heureusement à la mise en scène complaisante du scandale à laquelle aimaient la rabaisser certains de ses contemporains.
Croyons à l'aube de la saison froide est le dernier recueil de Forough Farrokhzâd. Publié de manière posthume en 1974, après la mort accidentelle de la poète iranienne en 1967, ce recueil inachevé commence par un long poème qui lui donne son titre. Il met en scène « une femme seule », hantée par son passé, regardant devant elle cette autre saison de sa vie qui s'annonce. Elle évoque ce réel qui toujours lui échappe, ces relations courtoises et distantes qui ne font que souligner sa solitude. Le « seul et unique ami », déjà au coeur de son précédent recueil, reste une figure ambivalente, tantôt source de joie et d'espoir pour celle qui l'appelle, tantôt cet adversaire qui la retient « au fond d'un océan ». Les souvenirs d'enfance, chargés de désirs et ponctués parfois de gifles, sont aussi présents dans ces poèmes. Ils sont aussi l'occasion pour Forough Farrokhzâd de se moquer de ses parents, de ses frères et soeurs, de leur comportement égocentrique, autoritaire ou nihiliste, se sentant étrangère à ce qui les préoccupe. Elle préfère contempler ce jardin à la beauté fragile, qui hélas se meurt, tout comme se meurt ce « lien vivant et lumineux / entre nous et l'oiseau ». La poète lutte pour demeurer « l'intime du soleil », contemplant la lignée sanglante de fleurs à qui elle doit la vie, tiraillée sans cesse par des émotions contradictoires. Cette tension est devenue ici plus douloureuse que celle qui traverse déjà son précédent recueil Une autre naissance (1964) paru aux éditions Héros-Limite en 2021. -
En 1912, la poétesse russe Anna Akhmatova, 23 ans voit paraître Le soir, son premier cycle de poèmes. Constituant l'une des oeuvres fondatrices du mouvement littéraire acméiste, le recueil est composé de brefs tableaux précis où l'état d'âme n'est souvent que suggéré. Les objets concrets y jouent un rôle essentiel?; ils deviennent les vecteurs des sentiments et des idées.
L'esthétique acméiste s'oppose radicalement au lyrisme musical des symbolistes qui dominent alors la poésie russe. Les acméistes revendiquent l'utilisation d'un langage simple et concret, censé porter à son apogée la dimension poétique du quotidien. Le soir d'Akhmatova frappe justement par l'absence de tout arrière-plan mystique.
La présente traduction se réfère à l'édition soviétique de 1976, à la fois par l'ordre des poèmes et l'établissement du texte. Six poèmes n'ont pas été retenus, que ne pouvait rendre la transposition en français. -
Job ; roman d'un homme simple
Joseph Roth
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 9 Novembre 2018
- 9782889550005
En observateur subtil de la culture judéo-allemande de son époque, Joseph Roth dépeint le destin d'une famille juive en Europe de l'Est, que les événements forcent à émigrer en Amérique. Mendel Singer, un pauvre maître d'école, « pieux, craignant Dieu et ordinaire » - personnage on ne peut plus dépourvu de singularité - se voit contraint de quitter sa Galicie orientale à la recherche d'un avenir un peu plus serein pour lui et les siens. S'il souhaite avant tout sauver sa fille Mirjam de la damnation - elle qu'il surprend avec des Cosaques-, s'il veut retrouver son fils Schemarjah - lui qui a déjà fui vers le Nouveau Monde, où il se fait appeler Sam -, ses misères personnelles sont avant tout le reflet d'un monde ébranlé par l'instabilité politique et l'antisémitisme croissant.
Roman d'exil qui tend au tragique (c'est la destinée de tout un peuple qui se lit en filigrane du drame familial et personnel de Mendel Singer), Job, roman d'un homme simple est écrit dans un style simple mais puissant. S'il emprunte parfois au Livre de Job dont il s'inspire, c'est pour renforcer son caractère exemplaire, c'est pour accentuer les souffrances d'un personnage qui en vient peu à peu à douter de son Dieu... Et pour confirmer le talent littéraire hors-pair de Joseph Roth.
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Écrit à tout juste 18 ans, La Ravine est un roman remarquable où la terre tient un rôle aussi important que les hommes qui la travaillent avec acharnement.
La nature est sauvage, dense, les coutumes à tel point établies qu'elles imprègent les vies de chacun - parfois de façon douloureuse. Dans cette atmosphère paysanne d'isbas et de forêts de bouleaux, des amitiés et des amours se nouent, des rencontres se font, des vies se brisent. La boisson coule et l'entraide est toujours présente.
Les phrases, courtes, descriptives, confèrent à ce texte une force poétique intense.
Publié en 1916 dans une revue de Petrograd, La Ravine a été traduit en français pour la première fois en 2008. Publié cette année-là par les éditions Harpo &, le livre est aujourd'hui épuisé.
Depuis toujours, les éditions Héros-Limite portent une attention particulière aux oeuvres russes, proposant des traductions et rééditions de livres importants tels que ceux de Friedrich Gorenstein, Daniil Harms ou Panteleïmon Romanov. La réédition du seul roman d'Essénine trouve ainsi naturellement sa place dans notre collection petit format feuilles d'herbe.
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Les animaux ont d'abord pénétré l'imagination humaine en tant que messagers porteurs de promesses.
La domestication du bétail, par exemple, n'a pas été motivée par le simple besoin de lait et de viande. Le bétail possédait des fonctions magiques, tantôt divinatoires, tantôt sacrificielles. A l'origine, on décidait qu'une espèce donnée serait à la fois magique, apprivoisable et alimentaire, en fonction de ses habitudes, de sa proximité et de l'intensité avec laquelle elle y " invitait ".
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Par un concours de circonstances, Adrian Rookwhistle hérite d'une éléphante nommée Rosy. Embarrassante affaire... car le jeune homme devra s'occuper de l'imposant animal. Rosy a très bon caractère, mais un réel penchant pour les boissons fortes. Parcourant la campagne anglaise, l'éléphante est soûle en permanence et occasionne de nombreux désastres. Rosy et Adrian seront entraînés dans des aventures rocambolesques. De frasques en frasques, cette déroutante épopée se terminera par un procès retentissant...
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Une question lancinante traverse les écrits de John Berger : que voyons-nous du monde qui nous entoure, et comment pouvons-nous en rendre compte ?
Poète, essayiste et critique d'art bien connu, John Berger s'est toujours gardé de se laisser enfermer dans des catégories. L'auteur se place en dehors des jeux de conventions et ses écrits sur l'art moderne lui valurent la méfiance des milieux académiques. Tout au long de sa carrière d'écrivain, il développera une pensée très personnelle en dehors de tout discours établi. Au coeur de sa vision réside l'importance de considérer l'art comme une composante inhérente du quotidien de tout un chacun.
Dans Fidèle au rendez-vous, l'écrivain interroge le monde visible et lui demande de révéler ses secrets. L'ouvrage, qui réunit vingt essais publiés en 1991, est l'occasion pour Berger de creuser sa réflexion sur la manière dont l'être humain appréhende et interprète ce qu'il voit. Le point de départ de chaque essai est une rencontre, à la fois intime et révélatrice. Au fil des chapitres, l'auteur se retrouve face aux peintures de Velásquez, de Goya, de Renoir, mais interroge également celles de Pollock, les sculptures d'Henry Moore ou encore l'extraordinaire palais du facteur Cheval. Toujours attentif à placer les oeuvres et les artistes dans leur contexte, l'essayiste aborde à travers ces confrontations des questions aussi complexes que la montée et la chute des idéologies capitalistes et communistes, la sexualité, l'environnement et l'évolution, ou encore la nature du temps. Les textes interpellent, bousculent, questionnent. Ils nous encouragent à porter une attention accrue non seulement à ce qui nous entoure, mais également à la manière dont nous percevons les multiples rendez-vous - intimes, artistiques, imprévus - qui rythment nos vies. Une nouvelle façon, l'espère Berger, de nous faire réaliser la potentialité de chaque instant, et celle qui réside au fond de nous.
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Un monde à part ; cartes et territoires
Kenneth White
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 9 Février 2018
- 9782940517794
Un monde à part se pense comme une traversée, à la fois de territoires et d'époques, un cheminement à travers la notion de « géopoétique » dont KennethWhite est l'instigateur. Fidèles au désir de « nomadisme intellectuel » qui porte l'auteur depuis ses débuts, les textes rassemblés dans ce recueil sont le reflet de son immense curiosité (littérature, géogaphie, cartographie, histoire ou encore philosophie) et de ses connaissances multiples. Parsemés d'éléments bio-graphiques qui dessinent aussi un portrait en creux de leur auteur, ils sont comme autant de pérégrinations géographiques et intellectuelles qui emmènent le lecteur d'une « éloge de la cartographie » à une « une cartographie psycho-historico-culturelle-intellectuelle de l'Écosse » en passant par des «investigations et expériences sur les chemins du monde » (la côte balte, la mer Noire, les rives du Gange...). Autant de façons de faire du territoire le personnage central de ce « monde à part », qui n'est autre que le monde dans lequel nous évoluons. Kenneth White le donne à lire par le prisme de savoirs variés, et d'un contact « direct », curieux et explorateur. Il crée ainsi un territoire de pensée qui lui est propre, et qui dessine une approche résolument singulière du monde.
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«Les Pyrénées c'était quelque chose comme une bande rousse sur la carte, verte et noire par ailleurs, sur laquelle apparaissaient quelques taches: les montagnes. A droite et à gauche la carte virait au bleu, c'était la mer. Oui, les Pyrénées séparaient l'Espagne de la France. Avec ça, il fallait chaque fois réfléchir un brin avant d'écrire leur nom.»
Publié en 1930, ce récit, traversée géographique, sociale et humaine de la région des Pyrénées, s'organise moins comme un journal classique que comme une série de tableaux ou de portraits, dans lesquels sont décrits les événements auxquels assiste ou participe Tucholsky. Accueilli par des habitants dépassant l'hostilité nationaliste franco-germanique, il y découvre ses traditions et ses voix multiples, mais aussi son histoire: du Cirque de Gavarnie, aujourd'hui encore un haut-lieu du tourisme pyrénéen, à la ville de Lourdes, en passant par les villes de Cauterets, la station thermale d'Eaux-bonnes, la Corrida à Bayonne, les Basques de Saint-Jean-Pied-de-Port... Tout est observé et décrit par l'auteur avec une minutie et une justesse rares, qui se ponctuent par ce ce que Jean Bréjoux nomme une «déclaration d'amour à la France». Un accueil et un abri essentiels alors que son pays natal, l'Allemagne, devenait, pour lui et sa pensée, invivable. -
Moment d'angoisse chez les riches ; chroniques allemandes
Kurt Tucholsky
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 19 Septembre 2012
- 9782940358878
«Ce que c'est, je n'en sais rien... mais je sens confusément que quelque chose approche à pas feutrés, qui menace de tous nous anéantir. Nous, c'est notre vie ancienne, ce sont les îles verdoyantes que, malgré tout, nous avions réussi à édifier au milieu du courant de ce ridicule tapage - nous, c'est notre vieux monde auquel, malgré tout, nous tenions tant. Où allons-nous ? [...] Que savons-nous du temps ? Nous sommes à ses pieds comme le voyageur au pied de la falaise rouge, beaucoup trop près pour en voir la structure, et encore moins la beauté. Que savons-nous de notre temps ? Nous sommes ses instruments, et je crois que le meilleur d'entre eux est encore celui qui ne cherche pas à lui faire obstacle.»
Ces Chroniques allemandes sont le regard d'un Allemand, qui a choisi l'exil en France avant même l'arrivée des nazis au pouvoir, sur tout ce qui fait la vie de l'Europe de 1914 à 1935 : la guerre, l'armée, la justice, l'art, le théâtre, la littérature, les gens et les paysages. Regard d'un Allemand sur la France, d'un Français d'adoption sur l'Allemagne, d'un Juif sur l'Europe en folie. Regard féroce, plein d'humour, de colère, de tendresse, de raison et de prophétie. Trait vif, langue mordante, tableaux et poèmes, petit théâtre de personnages familiers et grotesques, bataille courageuse au jour le jour... Le combat et les déchirements d'un intellectuel tenté par le communisme, déçu par la social-démocratie, qui voit venir l'apocalypse, et se sent de plus en plus seul loin d'une Allemagne qui se perd - jusqu'au jour de décembre 1935, où, en Suède, il se donne la mort. -
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, une attachante et énergique veuve anglaise, aidée par le spectre d'un Indien peau-rouge mort trois cents ans plus tôt et capable de prédire l'avenir, est confrontée à une série d'aventures rocambolesques.
Dans la pure tradition des fables burlesques auxquelles Leonard Wibberley nous a habitués, Feu l'Indien de Madame utilise l'humour décapant et le non-sens pour mieux révéler l'absurdité de la guerre et de ses enjeux politiques. Chacun en prend pour son grade, des gouvernements à l'opinion publique incarnée, en passant par les militaires, les médecins, les ministres... -
Une histoire de l'Ukraine au XXème siècle.
Friederich Gorenstein termine Compagnon de route à Berlin où dissident, il trouve refuge en 1985. Ce livre, qui retrace l'histoire terrible de la république ukrainienne sous l'emprise du communisme, ne paraîtra pas en URSS comme à peu près aucun de ses romans.
Un train, la nuit, en Ukraine. La rencontre insolite d'un écrivain soviétique «installé» et d'un petit homme qui ne paie pas de mine qui, tout au long du voyage, raconte sa vie à son interlocuteur de hasard. Peu à peu, l'écrivain s'approprie le récit de l'inconnu. Tout se mêle, s'interpénètre, devient à la fois rêve et réalité. A la fin du voyage, le conteur disparaît comme par enchantement.
Reste son récit, l'histoire de notre temps : l'anéantissement des paysans ukrainiens pendant la collectivisation, l'occupation allemande, l'extermination des juifs, le retour du pouvoir soviétique...
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Un objectif et deux autres essais
Louis Zukofsky
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 8 Février 2019
- 9782889550043
Figure majeure de l'avant-garde poétique américaine au 20e siècle, co-fondateur du mouvement « objectiviste » dont font aussi partie Charles Reznikoff ou George Oppen, Louis Zukofsky a publié au cours de sa vie un nombre important de poèmes et d'essais. Malgré l'importance capitale de ces textes tant aux États-Unis qu'outre- Atlantique, peu d'entre eux sont disponibles en français. C'est le cas notamment de Un objectif & deux autres essais, traduit par Pierre Alféri et publié par les éditions Royaumont en 1989.
Ce texte que nous nous apprêtons aujourd'hui à rééditer dans la collection feuilles d'herbe comprend donc trois essais : « Un objectif », « La poésie » et « Déclaration pour la poésie ». Définitions et commentaires sur la poésie, ils en exposent en fait une conception singulière, théorisent le rapport que la poésie objectiviste - et celle de Zukofsky en particulier - entretient au monde, à la forme, à la musique. Le premier essai est en vérité un programme, celui que la poésie objectiviste se fixe dès 1931, et dont une première version avait été publiée dans la revue Poetry de Harriet Monroe, dans un numéro qui avait en quelque sorte fondé le mouvement objectiviste.
Si pour ses prédecesseurs déjà (Pound, Eliot), les intrications entre mot et musique étaient essentiels, pour Zukofsky « un poème [est] un contexte associé à une forme "musicale", musicale entre guillemets puisqu'il ne s'agit pas de notes, mais de mots plus variables que les variables et employés à l'extérieur comme à l'intérieur du contexte pour une référence communicative. »
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La société bourgeoise allemande fin de siècle, celui que Brecht appelle un « grand éducateur de la nouvelle Europe », Frank Wedekind, la connaît bien.
Il y a trempé dans toutes circonstances de sa vie. Rien d'étonnant à ce que son théâtre, ses poèmes, sa prose décrivent et dénoncent avec tant de rigueur les mensonges de son code moral, dont la première victime est la femme. (...) Dans ses nouvelles, Wedekind a pris majoritairement un biais exploratoire, celui de la femme, parce que socialement marginalisée, quelle que fût son appartenance sociale, comme en témoigne le choix présenté dans ce livre initialement paru chez Ludd en 1990. À contre-courant des idées reçues, Wedekind y peint des énergies féminines.
Le hasard des traductions fait que les textes ici rassemblés constituent des moments de la pensée de Wedekind, et traduisent par là même une dynamique de réflexion. Je m'ennuie est un extrait de son Journal rédigé au château de Lenzbourg (...). Le premier pas est également un extrait de son Journal : les lieux sont clairs, Wedekind séjourne à Paris du 1er mai 1892 au 23 janvier 1894. La Princesse Russalka, nouvelle, poème et pantomime, paraît pour la première fois en 1897 (à Paris ! Leipzig et Munich). Entre-temps, il a rédigé ses réflexions sur le monde du cirque et ses deux grandes nouvelles Un mauvais Démon et Marianne. Et ce notamment au contact de Karl Henckel, des frères Carl et Gerhart Hauptmann et de Peter Hille. Pour mieux se séparer des principes d'écritures réalistes ou socialistes des uns et des autres, et de devenir soi-même l'idéaliste, le danseur de corde, l'humoriste, le « Schnellmacher » - le peintre de l'instant -, précurseur de l'expressionnisme !
Contemplons dès lors ces quelques textes comme un état préparatoire à une oeuvre théâtrale géniale et comme le chemin frayé à des grands descripteurs allemands de la condition féminine. Frank Wedekind avait ouvert la voie à Lola, L'Ange bleu de Heinrich Mann, à Agathe Schweigert, à Susi, les fortes faibles femmes de La Force des faibles d'Anna Seghers, à la Mère Carrar et à Mère Courage de Brecht.
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Revenant sur ses expériences militaires au cours de la seconde Guerre mondiale, Max Frisch s'interroge sur l'inertie des soldats suisses face à l'actualité, sur les rapports de la Suisse avec l'Allemagne nazie, et sur l'impossibilité de se remettre en question que provoque une vie de soldat très réglementée, constituée d'exercices et de simulations qui rendent la réalité distante, irréelle.
Livret de service critique de manière lucide la place de l'armée de milice en Suisse et la façon dont elle construit l'identité politique du pays -
Le droit de vivre ou le problème des sans-parti
Pantelejmon Romanov
- Heros Limite
- Feuilles D'herbe
- 18 Mai 2011
- 9782940358717
" Si tu es encore de ce monde, c'est que tu es passé à travers les mailles de la révolution, et que tu as gagné le droit de vivre, gagné à l'ancienneté, pour ainsi dire...".
Ainsi pensait l'écrivain Leonid Sergueïevitch Ostankine, un sans-parti. Ces derniers temps, il se le disait souvent. Il le pensa jusqu'au jour où, dans un tramway, il croisa un de ses camarades écrivains, qui s'empressa de lui communiquer une nouvelle dont les conséquences conduisirent plus tard à un dénouement tragique.
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Grock raconté par Grock est le récit d'un homme qui par entêtement et volonté réalise son rêve.
Le lecteur est plongé dans le monde du cirque, ses moeurs et ses coutumes. "Ni l'art, ni la philosophie ne m'intéressent ; je ne suis pas un intellectuel. Tout ce qu'on dit de moi, dans ce sens, est bien gentil, mais pas vrai... Je ne vois, je ne sens que l'immédiat, ce qui vient du sol, ce qui en sort". Sans souci d'écriture, dans un style direct, ce livre se présente comme une succession de farces et de pitreries où la misère et les excès de la vie se mêlent.
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Le quatrain est à la poésie chinoise ce que la flûte est à la symphonie. Ce genre de poème de quatre vers de cinq ou sept syllabes ne représente pas toute la poésie chinoise, mais il en résume parfaitement l'esprit ?: saisir l'intuition poétique à sa source et l'exprimer en une forme verbale concise et limpide.
A son origine, le quatrain fit partie des yo-fou, collection de poèmes et chansons populaires adoptés par les chanteuses, les musiciens et surtout par les musiciens officiels de la cour des Han, au premier siècle de l'ère chrétienne. Peu à peu, imitant le style des yo-fou, les lettrés créèrent à leur guise des formes poétiques nouvelles. Cette tendance aboutit, sous les premiers empereurs des T'ang (VIIe et VIIIe siècles), à un genre de yo-fou tout nouveau, petits poèmes de quatre vers composés par des poètes célèbres du jour, des lettrés et de grands magistrats, que l'on chantait, en s'accompagnant de la flûte, dans tout l'Empire, depuis la cour jusqu'aux humbles cavernes? : les quatrains.
Créé spécialement pour la musique, le quatrain n'était pas exclusivement destiné à la flûte, il s'adaptait aussi bien aux instruments à cordes. Néanmoins, que ce soit la flûte qui l'épouse avec le plus parfait bonheur, cela reste un fait acquis. Les innombrables anecdotes historiques en font foi.
Tristesse d'automne, chagrin du voyageur, sensibilité raffinée des femmes au gynécée, amour de la solitude des anachorètes... voilà les thèmes courants du quatrain. Le répertoire en est pauvre, en effet, et toujours invariable? ! Il sied de ne pas y attacher trop d'importance. Plus qu'un poème ordinaire, un quatrain ne vit pas de l'idée, mais de la façon magique avec laquelle il l'exprime. Il s'immortalise avant tout par sa puissance d'incantation.
Lo Ta-kang, (extrait de la préface)